De Beethoven à Berlioz, des révolutionnaires à La Côte-Saint-André
Par ce concert, le Festival de La Côte-Saint-André confronte Berlioz à l’un de ses aînés dont l’œuvre l’a beaucoup inspiré. De Beethoven, l’Orchestre Philharmonique et le Chœur de Radio France interprètent la Symphonie n°9. Les thèmes de cette œuvre sont aujourd’hui dans la mémoire collective, en particulier celui de L’Ode à la joie (sur des paroles de Schiller) qui a été choisi comme hymne de l’Europe. L’œuvre fut à sa création une révolution musicale : pour preuve, son écoute décida Wagner à devenir musicien, mais plongea le jeune Schubert dans le désarroi puisqu’il se demanda ce qui pouvait être créé après cela. Sont donnés ensuite deux chants révolutionnaires de Rouget de Lisle orchestrés par Berlioz : le Chant du Neuf Thermidor et La Marseillaise (ou tout au moins un extrait).
Mikko Franck dirige l’orchestre assis, d’une baguette vive, fendant l’air. Les nuances connaissent une variation perpétuelle qui rend l’interprétation passionnante même pour les auditeurs très connaisseurs de l’œuvre. L’Orchestre produit un son dense et homogène, mais les équilibres trouvés permettent d’en faire ressortir les différents pupitres (ici un trait de contrebasse, là une phrase mélodique du hautbois) ou tout simplement de souligner un phrasé. Pour La Marseillaise, les percussions comptent, chose rare, trois timbaliers pour donner à cette exaltation patriotique la puissance voulue. Le Chœur déploie toute sa puissance dans des effets gigantesques, passant de larges accents à des nuances plus délicates.
Le quatuor vocal se montre très homogène. Le ténor Pene Pati est le plus exposé puisqu’il chante aussi le premier des deux chants de Rouget de Lisle. Il expose une voix aux aigus souverains et au timbre très méditerranéen. Il glorifie la France par son chant, mais reste imprécis dans sa prosodie française. Sa voix ne se déploie pas autant qu’il en a l’habitude ou que le Chant du Neuf Thermidor le requerrait, mais son grain est chaud et vif et sa ligne vocale reste très travaillée, avec un beau legato.
Il revient à Matthew Rose d’introduire en soliste la partie vocale du quatrième mouvement de la Symphonie : il se lève alors d’un bond, déployant sa voix et sa diction wagnériennes, laissant ses vocalises s’élever au milieu de la volumineuse masse chorale et orchestrale. Les deux voix féminines ne se font entendre que dans l’ensemble vocal. En robe rose, Chen Reiss laisse entendre une voix souple au timbre frais, dont les vocalises surgissent par moments. Enfin, l’alto Gerhild Romberger laisse entendre une voix assez claire mais solide.
Au moment d’entonner La Marseillaise, Bruno Messina, Directeur du Festival, se lève, très vite imité par le reste du public. Si les spectateurs ne chantent pas, restant attentifs à la prestation des musiciens, quelques instrumentistes ne s’en privent pas, sans pour autant se déconcentrer. Des gradins s’élèvent alors des applaudissements nourris, qui ne peuvent toutefois rivaliser avec l’impressionnant volume sonore atteint durant le concert.
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