Nuits d’amour au Château du Tholonet, Sur la Route de Cézanne
Christophe Bukudjian, pianiste et directeur artistique de ce Festival conçu pendant le premier confinement accueille la cantatrice Véronique Gens et le quintette avec piano I Giardini pour leur programme Nuits autour de la mélodie française des salons de la Belle Epoque, mêlant avec délicatesse la poésie, l’art lyrique et la musique de chambre. L’Amour, lien indéfectible entre ces mélodies fait voyager dans une atmosphère nocturne et au gré de sentiments variés : la recherche de l’Amour (Les Nuits d’été de Berlioz), le goût du voyage (Nuit d’Espagne de Massenet), l’angoisse et la mort (Ceux qui, parmi les morts d’Amour de Ropartz), l’aube et l’espoir (La vie en rose célébrée jadis par Edith Piaf).
Véronique Gens déploie à travers ce répertoire sa voix de soprano souple, fruitée et nuancée, aux aigus colorés. Le discours s’enchaîne avec fluidité et cohérence par une diction précise. Le phrasé soigné et rigoureux sur le plan rythmique soutient son interprétation prégnante, où même les silences s'installent dans le flux mélodique. Sa voix se mêle de façon harmonieuse et équilibrée à l'accompagnement instrumental des cordes.
Le quintette avec piano I Giardini offre une riche palette sonore pour accompagner Véronique Gens, d’après des arrangements d’Alexandre Dratwicki du Palazzetto Bru Zane. L'ensemble interprète aussi quelques mouvements choisis d'œuvres purement instrumentales de Fauré, Widor et de La Tombelle, intégrés à la thématique nocturne. L'effectif est chambriste mais la masse musicale est dense, avec des cordes frottées soyeuses, aux attaques précises, aux nuances d’une grande amplitude. Les trémolos sont parfaitement synchronisés. Le piano perlé, virtuose et nuancé apporte un soutien rythmique et mélodique immuable. La connivence entre les musiciens permet des départs précis, avec sûreté dans les échanges des différentes phrases musicales et des fins de morceaux, toutes en délicatesse (permettant aussi à l’auditeur de suspendre et reprendre son souffle).
Pour terminer ce concert (légèrement et habilement sonorisé) ovationné par un public très nombreux, Véronique Gens interprète L’Amour masqué de Messager créant une réaction joyeuse dans l’assemblée.
La soirée s’achève avec la mélodie de Fauré Après un rêve, laissant le public enchanté, traverser les jardins du château durant cette Nuit de Fête.