Lumineuses Ténèbres avec L'Escadron Volant de la Reine au Festival de Saintes
Après Venise et toujours dans un univers sacré, c'est à Naples durant la Semaine Sainte que se transportent la Cathédrale et le Festival Saintais en plongeant dans Tenebrae : Miserere per la Settimana Santa d'Alessandro Scarlatti. Le répertoire d'opéras et d'oratorios de ce compositeur est particulièrement riche et fourni, mais au risque de laisser dans les ténèbres cette musique pour la Semaine Sainte (durant laquelle les théâtres étaient fermés, concentrant toute la créativité artistique dans les églises). Le programme dédié à Scarlatti inclut aussi des pièces de Pietro et Marc'Antonio Ziani (qui font eux aussi le lien entre Naples et Venise, le premier en tant que maître de Scarlatti, le second -son neveu- trouvant succès dans les théâtres publics).
Les six instrumentistes de cet Ensemble, que dirige Clément Geoffroy depuis l'orgue et le clavecin, montrent par leur richesse dynamique combien ils se passionnent pour ce répertoire depuis une décennie. Les élans passionnés dans le cadre d'une méticulosité d'interprétation traduisent tout à fait cette rencontre du sacré et du lyrisme baroque. Le quintette vocal s'exprime dans une riche autonomie tout en maintenant une grande écoute envers les instrumentistes, sans se tendre ni blanchir.
La voix de (baryton-)basse de Renaud Brès impressionne dès le début du concert avec un chant a cappella qui fait résonner tout l'espace dans un timbre de velours.
William Shelton, à l'inverse de son récital soliste donné peu après à Paris et Montpellier, est ici dans cet ensemble effacé et parfois presque inaudible avec une voix à la fois trop sombre et manquant de couleurs différenciées. Le ténor Davy Cornillot fait peu ressortir sa voix mais pour mettre sa justesse au service de l'ensemble.
La soprano Maïlys de Villoutreys marque par sa couleur radieuse et vive, sa collègue de pupitre Eugénie Lefebvre possédant une grande richesse dramatique et lyrique tout en gardant des nuances intimes.
La richesse instrumentale et vocale (avec toutes les configurations du solo au quintette et parfois même dispersés dans l'église Saint Pierre) réunit projection et intimité pour un public composé de nombreux habitués qui applaudissent très chaleureusement.