Haendel Royal avec Eva Zaïcik, concert de grand cru aux Estivales de Musique en Médoc
L’acoustique de ce lieu a de quoi rendre jaloux des directeurs de salles de concerts. Traditionnelle et moderne à la fois, la salle bien éclairée, lumineuse, chaleureuse, de bois naturel avec charpente apparente suggère une coque de bateau renversé.
Le public peut ainsi embarquer sur ce bateau ivre le menant en musique de l’autre côté de la Manche, le programme de ce concert (reprenant en grande partie le titre du disque enregistré par ces artistes) replonge dans la période où Haendel dirigeait la première Royal Academy of Music de Londres et réunit ses propres œuvres avec celles de contemporains italiens.
La mezzo-soprano Eva Zaïcik prend d’abord tout le temps de l’introspection vocale pour créer une atmosphère intime avec des nuances subtiles et caressantes. Les contrastes surgissent alors, entre tubes (Rinaldo) et atmosphères profondes au phrasé langoureux ("Sagri numi" du Caio Mario Coriolano d’Ariosti), adolescence révoltée (Sesto) mais conservant une certaine rondeur. La voix poursuit son déploiement naturel, pour mieux surgir dans des airs de fureur ou de bravoure, montrant les extrémités atteintes de la tessiture et une incarnation très expressive, avant de revenir à l’émotion et au plein cœur de son registre.
Les instrumentistes réunis en Consort autour de Justin Taylor se montrent aussi attentifs que dynamiques, introduisant les entrées chantées par un grand calme maîtrisé, puis répondant à ses moindres sollicitations autant qu’à celles de la partition.
Le public très heureux de cette belle soirée est visiblement tombé sous le charme de l'harmonieuse union, de ce lieu et de ce répertoire, de ce Consort et de cette voix.