43 Voix solidaires pour les personnes isolées à l’Opéra de Massy
En tournée dans toute la France, le concert caritatif des Voix solidaires, organisé par le Collectif des Artistes Lyriques et Musiciens pour la Solidarité, fait étape à l’Opéra de Massy. Aux côtés des représentants des associations soutenues ce soir et du Directeur Général de l’Opéra, Philippe Bellot, le Maire de la Ville de Massy, Nicolas Samsoen se dit fier de l’engouement des massicois pour cet évènement qui allie culture et solidarité.
Le romantisme est au programme de ce gala, avec une première partie française. Le manque de répétitions (hélas inhérent à la réunion de si nombreuses voix, toutes bénévoles) se fait parfois ressentir, surtout lors des ensembles, manquant de précision et quelques fois d’assurance. L'auditoire peut néanmoins et notamment apprécier le caractère de la voix claironnante et limpide du ténor Thomas Morris dans le « Quatuor des amateurs d'art » extrait de Gosse de riche de Maurice Yvain. Le trio formé par Albane Carrère, Claire de Monteil et Anne-Sophie Honoré fait ensuite entendre un poétique et assez nuancé « Ô mon bel inconnu » de Reynaldo Hahn. Le septuor des Contes d’Hoffmann d’Offenbach est très apprécié du public, avec notamment la participation vaillante et plutôt séduisante du ténor Tony Boldan. Avec « Des cendres de ton cœur » de la même œuvre, c’est Aude Extrémo qui domine le plateau de sa présence immédiate, sa voix chaleureuse, affirmée et mûre. Avec notamment la voix sûre et équilibrée de Jiwon Song, Fabienne Conrad se montre scéniquement très à l’aise, jouant de son image de diva qui ne manque pas de faire son effet auprès des spectateurs. Bien que l’amplitude de son vibrato n’aide pas toujours la compréhension de son texte, la brillance de son timbre soutient la constance de ses phrasés. Avant l’entracte, léger détour par les comédies musicales américaines avec "America" du West Side Story de Bernstein et "One day more" des Misérables de Claude-Michel Schönberg. Parmi les artistes sur scène, le timbre léger d'Hugo Tranchant s'affirme particulièrement, ainsi que la voix nasale de Pierre Babolat et surtout l’aisance de souffle et de projection de Gregory Benchenafi, comédien charmant et investi.
En seconde partie de soirée, place à la musique italienne, qui semble être bien plus dans le répertoire habituel des chanteurs, beaucoup plus à l’aise et même convaincants. Le public est d’abord fort amusé par l’appétissante « Recette du tournedos » de Rossini, même si la diction manque encore de clarté. Avec « Alla bella despinetta » extrait du Cosí fan tutte de Mozart, Jean-Loup Pagésy fait entendre une voix sûre, ferme et présente, avec un soupçon d’élégance et surtout un grain de timbre tout particulier. A ses côtés, Frédéric Caton convainc également par sa voix élégante et profonde. Anne-Marine Suire et Alban Legos-Le Moine charment avec « Voi signor, che giusto siete » des Nozze di Figaro. La première partageant une certaine fraîcheur de timbre, lumineuse même, et le second montrant une aisance mettant en valeur la chaleur de sa voix de baryton. Après un amusant « Nella testa ho un campanello », un peu chorégraphié telle une machine infernale, « S’appresan gl’istanti » du Nabucco de Verdi offre l’occasion d’apprécier la voix présente et claire, aux médiums et graves veloutés, d'Héloïse Koempgen, la ligne sûre et vaillante de Jérémie Schütz et la belle voix ronde de Ramya Roy. Ces deux-derniers se font tout à fait touchants dans Il Trovatore, formant avec Fabienne Conrad, rayonnante et même captivante, un trio bien équilibré et très appréciable. En duo avec le séduisant timbre de Fabien Hyon, Aude Extrémo se montre envoûtante lors du "Quale insolita gioia nel tuo sguardo" (Aïda). Nadège Meden y démontre un peu moins de souplesse dans le phrasé et le timbre mais son expressivité reste touchante. Entre autres, l'auditoire salue également la luminosité et la rondeur du timbre de Charlotte Despaux dans le Libiamo de Traviata.
Après un joyeux Galop Infernal d'Offenbach, entonné et dansé avec enthousiasme par toute la distribution, les Petits Frères des Pauvres et l’Espace Singulier se voient remettre officiellement leur chèque de la recette de cette soirée de solidarité, soit 5.500 € chacune. Ainsi pourront se développer quelques-unes des actions de ces associations qui luttent contre l’isolement et maintiennent le lien avec les personnes les plus fragiles. Avant de se quitter, tous chantent cet air extrait de l’opérette Les Saltimbanques de Louis Ganne, rejoints par le public lors du refrain : « C’est l’amour qui nous rendra la liberté ! »
Les VOIX SOLIDAIRES (Merci les artistes❤️) ont vibré hier à guichet fermé La recette de 11 000 revient à 2 assos de l'Essonne: @PFPauvres et @EspaceSingulier. Merci à la @villedemassy et chapeau à l' @operademassy pour son extraordinaire et généreuse mobilisation ©Louizart pic.twitter.com/Ou4o2X6MMK
— Le CALMS (@CALMS13133212) 24 juin 2022