La mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac et l’Ensemble Amarillis (emmené par la hautboïste et Directrice artistique Héloïse Gaillard) présentent un récital spectaculaire, débordant de virtuosité. Comme son nom l’indique, le spectacle autour de la folie : figure iconique et protéiforme de la période baroque. Le programme divisé en plusieurs parties guide le spectateur en lui indiquant les divagations que traverse l’héroïne : joie exacerbée, passion, désespoir, voire amour (fous).

Stéphanie d’Oustrac présente ce personnage, excessif et extravagant, avec maints visages et passions plongeant vers la démence. Son jeu d’actrice, extrêmement expressif, s’accorde avec la maîtrise de son instrument, la théâtralité ne diminuant pas la qualité vocale, au contraire. La voix large est d’une couleur sombre, mais aussi agile, et homogène. Sa puissante projection lui suffit pour atteindre le fond de la salle, avec des aigus clairs et des graves charpentés (quoique légèrement écrasés par moments). Son interaction constante avec les instrumentistes traduit une complicité de longue date par des jeux de question-réponse naturels, jusqu’au bis (La mort de Didon, “la folie ultime”, comme elle l’explique).

Le dynamisme de l’Ensemble Amarillis totalement impliqué et immergé dans le mouvement musical capte l'œil et l’oreille du public, pour mieux attiser l’attention envers le spectacle total porté avec la chanteuse. Les instrumentistes sont très précis, avec de fins départs synchronisés (donnés discrètement par la hautboïste Héloïse Gaillard, qui manifeste un grand raffinement dans son jeu). L’élégance et la prestance musicale et scénique se vit le sourire aux lèvres, pour les musiciens comme pour le public qui montre son appréciation par de longs applaudissements.