Paroles sentimentales avec Carlos Natale et Cyril Kubler au Conservatoire d'Avignon
Encore récemment remarqué en Don José aux cotés d’Eléonore Gagey pour "Carmen, Reine du Cirque" (mise en scène par Andrea Bernard et dirigée par Léo Warynski) le mois dernier à l’Opéra Grand Avignon, le ténor revient pour un grand voyage sentimental à travers des sérénades et déclarations d’amour traversant les époques, les styles, le répertoire français (Berlioz, Gounod, Massenet et Bizet) et italien (Rossini, Mascagni et Leoncavallo) ou en italien (avec Mozart).
Après la majestueuse (mais raccourcie pour le format du concert) Ouverture du Barbier de Séville de Rossini, dynamiquement interprétée par Cyril Kubler, le ténor parait parmi le public en chantant son Comte Almaviva ("Ecco ridente in cielo"). Sa présence s'affirme d'emblée (comme ensuite sur scène) par un jeu assuré et un ancrage certain dans le personnage. La voix est phrasée mais les ornements (complexe signature du compositeur italien) manquent encore d’agilité et les extrêmes aigus se relâchent assez rapidement. L'aisance croit cependant, pour les deux musiciens, par leur jeu mais aussi avec leurs petites présentations (et confidences artistiques) entre les morceaux. Le ténor déploie davantage de matière vocale et de richesse dans la tessiture, avec des nuances travaillées et vibrantes. Les aigus s'allongent progressivement et se projettent (manquant toutefois un peu de soutien et de support).
Le pianiste Cyril Kubler donne du corps à son discours musical, tant en soliste que pour accompagner son partenaire. Les nuances sont comme prononcées, avec légèreté, les phrasés sont rythmés par des accélérations ou des ralentis raffinés et hautement expressifs. Également imprégné dans la musique, il accentue et prolonge les silences créant un moment de suspension dans et entre les morceaux.
Le public, savourant ainsi jeu et musique, remercie chaleureusement les artistes et organisateurs.