Charme de l’âme romantique allemande au Studio Bastille
Pour ce nouveau rendez-vous méridional au Studio Bastille, le public fidèle ne laisse guère de place disponible. Quatre artistes du Chœur de l’Opéra national de Paris proposent un programme mettant à l’honneur l’âme romantique allemande et deux compositeurs incontournables du XIXe siècle (malgré leurs différences) : Franz Schubert et Johannes Brahms. Comme le fait remarquer la musicologue Hélène Pierrakos, qui présente et commente brièvement le programme, celui-ci est construit de manière à susciter constamment l’attention de l’auditeur en passant des œuvres joyeuses, voire taquines telle Neckereien (Taquinerie) de Brahms, à d’autres beaucoup plus tendres, voire mélancoliques comme Der Gang zum Liebchen (La Promenade à la bien-aimée) du même compositeur.
Le quatuor vocal présente évidemment des œuvres en ensemble, avec leur soin commun de la diction et des équilibres (qualités particulièrement importantes notamment pour le moment a cappella du calme Begräbnislied-Chant funèbre de Schubert). Certaines œuvres permettent d’entendre les chanteurs en solistes ou en duo. La voix claire et fine -parfois un rien trop- de la soprano Pranvera Lehnert s’élance avec expressivité sur son vibrato maîtrisé et ample, agréablement nuancé, avec sa collègue mezzo-soprano. La projection de celle-ci, Marie-Cécile Chevassus, est un peu gênée par son masque, qu’elle est la seule à porter. Fort heureusement, elle fait preuve d’une grande conscience de son texte. Elle semble d’ailleurs particulièrement bien en saisir le sens qu’elle communique aisément, par ses regards et surtout ses lignes phrasées avec souplesse et pertinence.
Le ténor Hyun-Jong Roh fait entendre son timbre chaud et brillant lorsque nécessaire, avec des phrasés constamment nuancés, mais dont la direction pourrait être encore plus définie. Le baryton Bernard Arrieta, de sa voix bien assise et pleine, se fait facilement conteur, avec assurance et même malice pour incarner le chasseur amoureux dans Der Jäger und sein Liebchen (Le Chasseur et sa bien-aimée) de Brahms.
Enfin, mais non des moindres, le Chef des Chœurs adjoint de la maison, Alessandro Di Stefano, se fait ici à nouveau pianiste accompagnateur. Son touché des plus fins et son jeu très respectueux des subtilités de ce répertoire ne manque jamais d’assurance pour accompagner les chanteurs avec souplesse et équilibre.
Après Ständchen (Sérénade) de Schubert très appréciée en bis et en quatuor, le public charmé salue avec bonheur les cinq artistes pour ce concert-rencontre.