Récital Piau-Dumaux au TCE : Haendel au sommet des émotions
Les œuvres de Haendel expriment les sentiments humains dans une virtuosité poussée à l'extrême. Il peut s'agir d'amour, de haine, de trahison. Il est aussi question de sujets intemporels comme le doute, la mort ou encore le destin. Sous la baguette d'Emmanuelle Haïm, l'une des rares femmes françaises à la tête d'un orchestre, son ensemble Le Concert d'Astrée s'est montré performant et à l'écoute, pas même distrait pas la rupture d'une corde ayant obligé une violoniste à s'absenter un court instant. Dans sa remarquable direction pleine d'expressivité , la chef d'orchestre s'est montrée à la fois bienveillante et précise (utilisant sa main droite pour diriger le tempo du morceau et la main gauche pour accompagner les nuances ou les départs de certains instruments). Parmi les instruments, le clavecin et le luth, instruments phares de l'époque baroque, ont accompagné avec fluidité les chanteurs.
Emmanuelle Haïm (© Marianne Rosenstiehl)
Les merveilleuses voix de la soprano Sandrine Piau et du contre-ténor Christophe Dumaux ont pu, une fois de plus, faire la démonstration de leur talent. Spécialistes de la musique baroque, les voix s'accordent parfaitement à travers les duos d'amour Vivo In Te extrait de Tamerlano, Io T'abbraccio extrait de Rodelinda ou encore Caro...Bella tiré de Jules César.
Sandrine Piau (© Sandrine Expilly / Naïve)
Dans ces grands airs de lamentation et de détresse, la voix de Sandrine Piau se montre invincible. La couleur du son est riche et ronde dans les médiums ainsi que légère et fluide dans les aigus. Le contrôle du legato est surprenant. L’incontournable aria d'Alcina Ah, mio Cor aura connu un véritable succès laissant le public sans voix. A l'inverse de cette atmosphère très tragique, Christophe Dumaux se montre assuré et performant. Dans une apparence chic-décontractée, le contre-ténor, qui a annoncé qu'il s'éloignerait des scènes pendant six mois suite à ce concert, donne vie à ses airs emplis de haine et de vengeance avec un brin d'humour. Cette tessiture, emblème du chant baroque et se référant aux castrats, est recherchée aujourd'hui, seuls quelques artistes de ce niveau se produisant actuellement sur les scènes internationales. Son vibrato, parfaitement exécuté, donne une impression de facilité tant il est maîtrisé. Seuls quelques passages auraient requis une projection plus imposante. Les grands passionnés ainsi que les amateurs ont ainsi globalement été conquis par ces trois grandes figures de la musique baroque. Gageons que cette belle collaboration aboutira à d'autres projets !
Christophe Dumaux (© DR)
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