Faustine de Monès en Miroirs à l'Opéra Grand Avignon
Ce programme de récital, habituellement accompagné au piano par Bretton Brown, est accompagné cette fois-ci par Thomas Tacquet (le pianiste habituel se trouvant bloqué en Angleterre à cause des restrictions sanitaires). Cependant, le pianiste remplaçant ne ménage ni son talent ni sa virtuosité. Il dégage une énergie qui attire l'œil, l’oreille et accompagne la soprano d’un air très joueur.
Le programme inclut des mélodies de Maurice Ravel, Enrique Granados, George Enescu, Claude Debussy et Fernando Obradors : toutes des souvenirs d’enfance en Catalogne et sur la côte basque, évoquant une ambiance méditerranéenne qui gagne facilement l’attention du public.
Malgré le fait que Faustine de Monès chante avec partition la première mélodie (certes rare : Rosemary Lane composée en 2021 par Joséphine Stephenson, également arrangeuse, chanteuse et instrumentiste franco-britannique), sa voix impressionne immédiatement le public. Dès les premières notes, elle fait montre d’un vibrato et de piani suspendant le souffle (de l’auditoire). Sa voix légère et étincelante, pleine de puissance sur les aigus voyage avec les Cinq mélodies populaires grecques de Ravel (le tout sans oublier de présenter son nouveau pianiste). Légère et avec une facilité apaisante dans les médiums, ainsi qu’un juste phrasé, sa voix semble voltiger et avancer doucement dans l’air. Son interprétation sur scène est assurée et très convaincante. Quant à sa prononciation de l’espagnol dans les mélodies de Granados et Obradors, elle est très à l’aise avec la langue, les mots étant très clairs et facilement compréhensibles. Sa voix lumineuse et son agilité se déploient avec élégance et brillance, vers ses aigus piano, d’une manière homogène sur le plan vocal, scénique et en lien avec le jeu du pianiste, qui renforce le charme captivant de la prestation, tout en proposant au public une ambiance évoquant avec l’amour, la folie et la passion musicale.
Le public, très satisfait, applaudit longuement et rappelle à plusieurs reprises Faustine de Monès et Thomas Tacquet qui offrent finalement un bis, en remerciement à leur tour pour le chaleureux accueil du public. "O luce di quest’anima", de l’opéra Linda di Chamounix de Donizetti referme ainsi le spectacle, dans l’expression d’une grande capacité vocale présentée avec fierté.