Cherche piano aqueux pour jouer la truite de Schubert en Avignon
Pour finir l’année en rires et en chansons, l’Opéra Grand Avignon accueille un genre musical différent de ses précédents Apér’Opéras : un concert dédié aux chansons légères et réalistes du comédien, chanteur et auteur Francis Blanche et de son fameux acolyte l'humoriste Pierre Dac, les deux formant "Le Parti d’en rire" et s'épanouissant en musique dans l'esprit du groupe Les 4 Barbus ou Les Frères Jacques.
Le spectacle qui devait initialement se tenir dans le Foyer de l’Opéra, prend finalement place sur la grande scène lyrique avignonnaise, ce dont les artistes du jour font semblant de ne pas avoir été mis au courant.
Les textes retravaillés au goût du jour sont vigoureusement interprétés par le baryton-basse Jean-François Vinciguerra et la pianiste Florence Goyon-Pogemberg. Les deux artistes se mettent en scène avec des costumes et accessoires s’adaptant aux thèmes des chansons (casque de chevalier, perruques farfelues, etc.) dans une ambiance déjantée à la de Funès mêlée entre humour et convivialité, nourrie par des chants d’inspiration classique aux textes frappants.
Le répertoire varié traverse aisément et allègrement une version humoristique de la truite de Schubert, un "Brasero" de Ravel, un hymne à la pince à linge sur le thème de la 5ème Symphonie de Beethoven, entre autres. Le Directeur de l’Opéra Grand Avignon, Frédéric Roels, vient en personne demander aux interprètes de chanter davantage d'opéra. Seront ainsi proposés l’air de Figaro extrait du Barbier de Séville de Rossini, ainsi que son ouverture. Toutes ces saynètes amusent le public, mais les interactions comiques entre les deux artistes ponctuant les morceaux finissent par être un peu trop répétitives et éloignent des morceaux interprétés.
Le baryton-basse Jean-François Vinciguerra anime avec entrain ce récital par un jeu théâtral convaincu et adapté à chaque morceau. S’adonnant à un répertoire entrainant et pétillant, son timbre léger et linéaire se dessine à travers une diction globalement souple et distincte. Pour ce qui est du lyrique, le chanteur démontre une voix puissante et ancrée, surmonté d’un vibrato appuyé, notamment dans les aigus.
Se prenant également au jeu de l’accompagnement musical mais aussi au dialogue avec le chanteur, la pianiste Florence Goyon-Pogemberg enchaine les interventions avec assurance et authenticité. Attentive et complice au jeu de son partenaire de scène, ses interprétations sont raffinées et mélodieuses. Malgré cela, des petits désaccords de rythmes sont parfois entendus et entrainent un léger décalage sur la partition.
Les artistes obtiennent la reconnaissance du public, et achèvent le dernier Apér’Opéra de l’année, par une note légère. Rendez-vous est pris avec la soprano Faustine de Monès et le pianiste Bretton Brown début janvier à l’Amphithéâtre Mozart du Conservatoire Grand Avignon pour le prochain rendez-vous musical dans cette série.