Javier Camarena fête le Mexique à l’Exposition Universelle de Dubaï
Tout au long de l’Exposition Universelle 2020 organisée à Dubaï (reportée l’année dernière pour se dérouler entre octobre 2021 et mars 2022), chaque pays a droit à une journée nationale afin de se mettre particulièrement en avant lors d’évènements et de concerts, en plus des manifestations organisées par son pavillon tout au long de l’Exposition. Ce 10 novembre, c’est au tour du Mexique, et c'est le ténor mexicain à renommée mondiale Javier Camarena qui vient clore cette journée de façon grandiose en son pavillon national.
Accompagné du pianiste Ángel Rodríguez, Javier Camarena commence, comme annoncé, son programme de Gala d’Opéra, avec de fameux airs lyriques (“La Donna è mobile” de Rigoletto, “Ah ! Lève-toi, soleil” de Roméo et Juliette) et la mélodie “Vanne, o Rosa Fortunata” de Bellini. Le ténor se montre d’emblée en grande forme et impressionne par le soin porté à sa prononciation française aussi bien qu’italienne (sans partition). Son timbre est éclatant de lumière et, aidé d’une grande maîtrise du souffle, il projette des aigus sûrs et éblouissants. Soutenu par le toucher tout aussi affirmé et séduisant mais également sensible et clair d’Ángel Rodríguez au piano, le chanteur propose des phrasés très expressifs, néanmoins toujours dosés avec goût, ce qui lui vaut déjà de très chaleureux applaudissements.
L’amphithéâtre en plein air requiert certes une sonorisation, mais son bénéfice premier est pour l'auditeur, lui permettant d'être moins distrait par les incessants bruits extérieurs des autres évènements (et attirant au fur et à mesure de nombreux curieux et admirateurs nouveaux). Ángel Rodríguez se montre également très attentif à l’équilibre de son accompagnement, et le ténor sait se faire entendre, jusqu'à faire douter de l'utilité absolue du microphone pour sa projection dans l’enceinte de cet amphithéâtre.
Palpant l’énergie enthousiaste de ses compatriotes parmi son public cosmopolite, l’artiste mexicain, après une rapide conversation avec son accompagnateur, fait mine de changer spontanément le programme pour offrir des chansons de son pays. Par son interprétation sincère de ces mélodies qui lui tiennent visiblement très à cœur, il captive encore et toujours davantage son auditoire. Les spectateurs mexicains connaissent par cœur ces chansons de chez eux et n’hésitent pas à chanter aussi, tous ensemble avec Javier Camarena, de quoi émouvoir le reste du public devant cette ferveur collective et reconnaître pour certains le nostalgique Sabor a mi d'Álvaro Carrillo, un medley de chansons de Consuelo Velázquez ou encore Cielito lindo de Quirino Mendoza y Cortés. Le public entier se lève déjà pour saluer le ténor, qui annonce un entracte de 10 minutes.
La surprise vient alors de l’entrée en scène des Mariachi de la Marine nationale mexicaine que Javier Camarena rejoint même en seconde partie du programme, pour un effet des plus typiques. Même accompagné de ces musiciens rutilants, vifs, agiles et très dynamiques, le ténor ne souffre d’aucune fatigue, bien au contraire. Il s’amuse à offrir de longues notes aiguës, rayonnantes à couper le souffle de l’auditeur et pas le sien. Le spectateur est alors entraîné par les rythmes dansants de La Bikina de Luis Miguel, Malagueña salerosa de Chingon ou encore México lindo y querido de Chucho Monge.
Le public exulte, se lève pour applaudir et manifester son enthousiasme. Javier Camarena lui offre en bis Soy puro mexicano de l’ensemble Mariachi Internacional, avec force sifflements et dansant même « Viva México ! Viva America ! ». Si les artistes n’avaient pas dû libérer l’amphithéâtre, la soirée aurait certainement pu durer toute la nuit, les visiteurs de tous les pays étant conquis et se laissant volontiers entraîner par l’énergie mexicaine enflammée.