Festival Nouveaux Horizons à Aix-en-Provence : Plastic Boom
Ce Festival aixois automnal associe habilement répertoire classique et création contemporaine, faisant la part belle à la jeunesse, qu’il s’agisse des compositeurs, des instrumentistes et des états d’esprit. La voix n’est pas oubliée, dans une programmation chambriste qui gravite autour des cordes frottées, pincées, percutées, ainsi que, plus particulièrement ce soir, des percussions.
L’œuvre vocale de la soirée est percutante de manière obsessionnelle avec l’onomatopée explosive contenue dans le titre : « boom ». La matière n’est toutefois pas dynamite mais plastique, à commencer par la voix de la jeune soprano d’origine mexicaine, qui intègre avec aisance un parler-chanter trônant sur l’ensemble instrumental, tandis que les percussions en assurent le fondement, le « cantus firmus ». Au milieu, les cordes, munies d’archets qui partagent très souvent les mêmes coups, produisent et font vibrer une matière plastique, étirable à l’envie, au cours de longs et lents glissandi, comme les chants plaintifs de baleines échouées.
La voix, plastique également, explose ou déploie son timbre de sirène, dans les sens mythologique et technique du terme. L’écriture de la partie vocale, résolument a-lyrique, cherche à rendre poreuse la frontière entre le vocal et l’instrumental. Elle requiert une forme particulière de virtuosité, aux sommets de colorature, ainsi qu’un engagement expressif paroxystique : comme une forme nouvelle de slam, sans la dimension d’improvisation qui caractérise ce genre de diction (sinon une improvisation homorythmique, écrite au dixième de seconde près, notamment entre les percussions et la voix).
In fine, toute la programmation de la soirée, qui confronte des œuvres du passé et d’aujourd’hui, permet de séparer le subtil et l’épais, l’essentiel de l’accidentel : la musique est faite de percussif et de lyrisme. Le concert débute par deux pièces pour percussion (Andrew Thomas et Iannis Xenakis), comme pour ouvrir grand l’horizon sonore, du marimba au wood-block, et se termine par le souffle du Premier Quintette pour piano et cordes de Gabriel Fauré, un modèle d’écriture, en passant par une autre création, de Claire-Mélanie Sinnhuber : un trio pour piano et cordes au titre déjà finement musical, Roses héroïques.
Un public nombreux accueille ces musiques, plus ou moins naissantes, avec reconnaissance. L’ensemble des jeunes artistes, entourés de leurs deux parrains, Renaud Capuçon et Gérard Caussé, vient longuement le saluer.