Récital Julie Fuchs : l’Opéra Grand Avignon poursuit sa réouverture
C’est après une longue période de travaux que l’Opéra historique (intra-muros) d’Avignon accueille de nouveau son public. La réouverture célébrée mi-octobre avec l’opéra Peter Grimes de Britten mis en scène par le Directeur maison Frédéric Roels, se poursuit ce week-end avec le 6ème Concours Opéra Jeunes Espoirs Raymond Duffaut (article à paraître prochainement sur Ôlyrix) et en récital carte blanche à la soprano renommée et avignonnaise Julie Fuchs. Pour l’occasion, Julie Fuchs retrouve le pianiste Alphonse Cemin et invite également la talentueuse soprano Faustine Egiziano qui se joint à eux pour quelques interventions.
D’un répertoire varié partant de la chanson populaire de Barbara jusqu’aux airs phares de la tessiture, Julie Fuchs ose également s’aventurer hors de sa zone de confort mais démontre un confort certain dans ses airs de prédilection par un jeu pétillant et séduisant. Elle endosse fièrement plusieurs icônes féminines de l’opéra : la douce Suzanne des Noces de Figaro, la fervente Rosine du Barbier de Séville, la pétillante Manon Lescaut, pour laquelle le public aura du mal à retenir ses applaudissements. En exclusivité, elle interprète pour la première fois l’air “Dieu quel frisson” de Juliette dont elle fera sa prise de rôle en décembre à l’Opéra Comique mise en scène par Éric Ruf et dirigée par Laurent Campellone. Garnie d’un timbre généreux et voluptueux, la chanteuse s’adonne à montrer ses capacités vocales par une multitude de choix esthétiques donnant de la brillance et du relief aux pièces. Son interprétation de “Sposa son disprezzata” (air de Bajazet composé par Vivaldi) varie du phrasé lisse et poli à des rugissements vibrants. Cependant, à vouloir trop jouer sur les nuances, notamment les pianissimi concluant ses lignes, ses fins de phrases diminuent en couleurs et perdent parfois en justesse.
On a jamais fini de saméliorer! Ici en coaching avec ma merveilleuse Elène en prévision de ma prise de rôle de Juliette et du concert de samedi soir à @OperaAvignon. pic.twitter.com/teG8TLAVHv
— Julie Fuchs (@juliefuchssop) 19 octobre 2021
Lauréate de la 5ème édition du Concours Jeunes Espoirs Raymond Duffaut, la soprano Faustine Egiziano révèle toutes ses promesses. Partageant un duo avec Julie Fuchs, les voix de Susanna et de la Comtesse se mêlent et s’entremêlent avec douceur et complicité. Une fois seule, la jeune chanteuse de 19 ans s’empare de la scène et se donne au complexe air d’Elvira (“Qui la voce…Vien diletto”) des Puritains de Bellini. Jouant sur la corde sensible, son chant très émouvant possède une grande musicalité. Son vibrato, nourri par un timbre homogène et déjà bien développé, conduit une ligne vocale sans failles.
Les instrumentistes sont également à l’honneur, avec un accompagnement sur mesure et virtuose d’Alphonse Cemin dont les gestes esthétiques sont soigneusement travaillés et donnent de l’élan aux parties chantées. La violoniste solo supersoliste de l’Orchestre National Avignon-Provence, Cordelia Palm, est également invitée à rejoindre Julie Fuchs et Alphonse Cemin pour un trio exécuté en finesse et harmonie.
Les quatre artistes sont rappelés à plusieurs reprises par un public très enthousiaste, et offrent quatre bis pour fêter ces retrouvailles.