Brillants Valer Sabadus avec L’Arpeggiata au Festival d’Ambronay
Le contre-ténor Valer Sabadus et L’Arpeggiata sont régulièrement invités par le Festival d’Ambronay. Heureux de les retrouver, le public nombreux se montre d’ores et déjà conquis dès la montée des musiciens sur la scène. C’est un voyage éclair dans l’Italie du XVIIe siècle que propose l’ensemble, offrant ainsi des airs aussi spectaculaires que touchants.
L’attention de Valer Sabadus envers les musiciens qui l'accompagnent est patente, voire même une certaine complicité. Ainsi en confiance, il a toute la liberté de s’exprimer comme il le souhaite. Son expressivité se voit déjà par le soin évident de son articulation. Son texte est porté par son timbre solaire, particulièrement dans les aigus qu’il expose brillamment lors de longues notes très joliment soutenues, ornées et forçant l’admiration par la longueur de son souffle (même le vibrato légèrement serré sert d’ornement). D'autant que les airs présentés ne manquent pas de ces spectaculaires occasions. "Dormite, o pupille" extrait de l’opéra Il Nerone de Pietro Andrea Ziani en est le premier, l’agile introduction du violoniste en annonce notamment un autre particulièrement impressionnant avec Gelosia de Luigi Rossi. Les vocalises s’y font précises et conduites par une maîtrise du diaphragme. Outre ces moments de bravoure qui séduisent les auditeurs, Valer Sabadus sait aussi les charmer avec des airs tendres, tels la chaconne Lumi, potete piangere extrait de l’opéra La Divisione del Mondo (opus apprécié en 2019 à Strasbourg et Versailles), qu’il interprète les yeux fermés. Ses médiums pourraient être plus sonores, mais sa palette de timbres et sa présence scénique savent en jouer, jusqu'à la malice et même des grimaces.
Si l’œuvre d’ouverture Folias echa para mi Señora Doña Tarolilla de Carallenos d’Andrea Falconiero fait penser que la puissance sonore des instrumentistes est un peu faible, elle apparaît en réalité très équilibrée afin de mettre la voix à sa juste valeur. Ne manquant pas d’énergie et d’agilité, sous la direction discrète mais attentive de Christina Pluhar depuis le théorbe, les musiciens dialoguent ou commentent les interventions vocales. Le cornettiste à bouquin Doron David Sherwin est particulièrement sollicité, faisant entendre son instrument au timbre moelleux et éclatant à la fois. Le violoniste Jesús Merino Ruiz n’est peut-être pas placé de façon à faire entendre au mieux son instrument mais laisse apprécier sa virtuosité. Le claveciniste Dani Espasa en fait également preuve, mais avec encore moins de présence sonore. Le public ne manque pas de saluer chaleureusement le percussionniste Sergey Saprychev qui offre notamment une improvisation endiablée agrémentée d’improvisation en kobaïen (langue inventée et non construite).
Applaudissant chaleureusement l’ensemble et Valer Sabadus, les spectateurs, dont certains saluent debout, sont remerciés par deux bis : le très beau Si dolce è il tormento de Monteverdi, dans lequel le chanteur fait de nouveau preuve d’une grande sensibilité, puis de nouveau l’amusant et non moins virtuose Ninfa bella. Avec ses vocalises insolentes et sa note aiguë finale victorieuse, le public exulte !