Métamorphoses nocturnes à La Seine Musicale avec Mathieu Herzog et Adèle Charvet
Comme le dit le chef Mathieu Herzog lui-même en introduction du concert, cette soirée musicale ne s'annonce "pas très gaie, mais très belle". En effet, les trois œuvres choisies (Métamorphoses de Richard Strauss, Il Tramonto d'Ottorino Respighi et La Nuit transfigurée d'Arnold Schönberg), évoquent chacune un drame certes poétique mais particulièrement sombre. La mezzo-soprano se joint à eux dans l'œuvre de Respighi, ajoutant une touche de lyrisme à cette soirée.
La jeunesse des musiciens de l'ensemble n'empêche nullement la maturité de leur interprétation, pleine de fougue, de lyrisme et de passion : la formation (Appassionato) porte bien son nom. Dans les Métamorphoses, écrites pour cinq quatuors et trois contrebasses, ils jouent comme un seul quatuor et la communication entre les pupitres se fait presque sans avoir besoin du chef. Idem dans La Nuit transfigurée, interprétée dans la version pour orchestre à cordes, les solistes et chefs de pupitre menant un dialogue constant entre les parties.
La direction extrêmement sobre mais intense de Mathieu Herzog démontre une envie de se dépouiller des fioritures pour ne laisser que la musique dans son plus simple appareil. L'équilibre entre les pupitres est pleinement maîtrisé, les couleurs sont vives et l'acoustique de l'auditorium prouve son efficacité en rendant tous les contrastes avec netteté.
La mezzo-soprano Adèle Charvet prête sa voix au Tramonto (Le Coucher de soleil) de Respighi et la musique de chambre sied tout à fait à la jeune chanteuse qui se repose sur des facilités vocales. Si la voix est sans défaut, visiblement naturelle et sans artifices, une tendance à chanter "vers l'arrière" et un manque de soutien rendent la prestation assez inégale. Ne cherchant pas à projeter le son, le texte se perd beaucoup et elle se retrouve couverte dès que l'ensemble joue un peu fort, notamment lorsqu'elle est dans les graves. Servie par une acoustique efficace et un ensemble instrumental attentif, elle raconte néanmoins l'histoire avec beaucoup d'intention et d'engagement.
Le public manifeste son plaisir à voir ces jeunes musiciens jouer avec tant de bonheur et d'amitié, visiblement heureux d'être ensemble, dirigés par un chef bienveillant et encourageant.