"Vivre ou Périr d’Amour" aux Musicales du Luberon
Le pass sanitaire désormais en vigueur n'a pas empêché le public avide de culture en ces périodes mouvementées de venir nombreux pour ces rencontres musicales. Le programme de la soirée transporte cet auditoire à travers le répertoire lyrique, partant du charmant duo entre la Comtesse et Susanna (Les Noces de Figaro, Mozart), passant par l’air de Loretta à son père ("O mio babbino caro" du Gianni Schicchi de Puccini), la dramatique histoire d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski avant de s'achever sur le sublime air à la chaste déesse (Norma de Bellini).
Au sein du Théâtre des Carrières, scène en plein air nichée au pied du Luberon, et dans une ambiance intime, reflétée par un jeu de lumières feutré, les couleurs sentimentales et musicales s’enchainent. La soprano Diana Damrau affirme une fois de plus un abatage vocal de tous les instants et dans chacun de ses airs, par une expression impeccable. Conduisant son chant au timbre éclatant, l’étendue de la voix résonne à tous ses niveaux. Ajoutant des effets scéniques captivants, elle danse pour les Filles de Cadix, déploie toute son indépendance mais se montre aussi complice avec ses partenaires de scène. Le Casta Diva notamment est rendu solennel par un legato fondant et de contraste intense.
La basse Nicolas Testé est également très impliquée dans son répertoire, plus dramatique encore. Incarnant des personnages touchés par la foudre du destin, le son caverneux et imposant du chanteur se déploie avec le caractère du morceau et à l’écoute de l’orchestre. La puissante voix est harmonieuse et sincère, Le Trouvère (Verdi) est explosif, enrichi par des accents dynamiques donnant son entrain bouleversant à l’œuvre.
Parrainée et invitée par le couple star, la jeune mezzo-soprano Lise Nougier, diplômée du Conservatoire National et retenue pour rejoindre l’Académie de l’Opéra de Paris dès septembre prochain, se joint à eux. Se montrant humble, elle charme les auditeurs par sa musicalité ainsi qu’un timbre frais et raffiné. Encouragée par Diana Damrau lors de leurs duos, elle acquiert plus de liberté musicale et scénique, prenant sa part aux émotions de la jeune Susanna ainsi qu’Adalgisa. Cependant, voulant parfois trop contraster ses nuances, sa version de l’air "O mio babbino caro", quoiqu'avec son timbre mielleux plaisant à l’écoute, est malheureusement retenue par certains aigus en manque d’amplitude et de corps.
Accompagnant ces invités de marque, l’Orchestre National Avignon-Provence est dirigé par la cheffe d’orchestre et leur Directrice musicale, Debora Waldman. Commençant par une ouverture réglée (comme du papier à musique) de Cosi fan tutte, les pauses instrumentales se développent dans des émotions généreuses via des extraits de Bizet (Intermezzo et Séguedille de Carmen) et de Mascagni (Intermezzo de Cavalleria Rusticana) dont les accents donnent encore davantage d’élan aux morceaux.
La soirée se referme sur le doux vent du Lubéron et celui de Cosi (le trio "Soave sia il vento", en bis).