Notre-Père au 50ème Festival de Saintes
Créé en 2001 par la violoniste Stéphanie de Failly, l'ensemble Clematis invite des musiciens selon les œuvres choisies et les thématiques des concerts. Attaché au répertoire du XVIIème siècle, en particulier celui qui a vu fusionner la tradition polyphonique luthérienne et les influences de la musique italienne, ce sont des pages oubliées de la très riche collection Dübel que l'ensemble fait découvrir au public. D'Heinrich Schütz (1585-1672) à Jean-Sebastian Bach (1685-1750) en passant par son grand cousin Jean-Christopher Bach (1642-1703), Heinrich Schwemmer (1661-1733) ou encore David Pohle (1624-1695), les spectateurs sont enveloppés, parfois même bercés par le dialogue omniprésent entre les cinq instrumentistes et la voix du contre-ténor Paulin Bündgen sous les directions aguerries de Stéphanie de Failly et Brice Sailly.
Cinq femmes composent l'ensemble des cordes, comme un clin d'œil au lieu dédié à l'origine au culte des bénédictines (l'abbaye aux dames, de Saintes). Stéphanie de Failly, violon 1, offre un jeu précis, tranché et assuré, avec Amandine Grimbert, violon 2, dans un échange constant avec sa partenaire. Les deux altos joués par Delphine Grimbert et Ellie Niméroski apportent la rondeur et l'espace sonore, alors que Marion Martineau, basse de viole réconforte et accentue une certaine gravité, le tout soutenu par Brice Sailly à l'orgue, assise de la basse continue.
Un dialogue intense entre les instrumentistes et le chanteur, porte l'ambiance du concert. Paulin Bündgen déploie son étendue vocale homogène, ses couleurs de timbre toujours claires favorisant la précision de la diction. Les contrastes entre les notes aigües bien assumées et les notes graves poitrinées apportent le relief nécessaire dans une acoustique qui ne supporte pas les défauts, chaque note est présente dans une résonance modérée. Une projection de la voix un peu retenue offre cependant un volume sonore parfois un peu faible même si le parti pris est clairement intimiste. C'est avec beaucoup d'émotion qu'il interpréte Grabgesang d'Heinrich Schwemmer (1621-1696) : une articulation justement posée, sobre et efficace, une voix conduite et aisée, des pianissimi vibrés jusqu'au bout de la conversation, apaisante, simple et offerte pour un public visiblement séduit.
Retrouvez notre interview du Directeur Stephan Maciejewski à l'occasion du 50ème Festival de Saintes