Le ténor français Thierry Dran est décédé à l’âge de 67 ans
Fils du ténor André Dran et de la soprano Monique de Pondeau, tous deux membres de l’ancienne troupe de l'Opéra de Paris qui a vu dans ses rangs des chanteurs comme Gabriel Bacquier, Thierry Dran vit son enfance dans les coulisses des grands théâtres de France et d’Europe. Il passe d’abord par l’École des officiers de la marine marchande avant de revenir au chant lyrique, bénéficiant de cette « combinaison génétique favorable à cette activité » (comme il l’explique dans son autobiographie). Il débute sa formation de chanteur à Lyon où ses parents sont enseignants avant de se perfectionner à l’école de chant de l’Opéra de Paris sous la houlette du ténor Michel Sénéchal.
Avec des dizaines de rôles à son actif, Thierry Dran a connu les grandes scènes lyriques françaises, de Bordeaux à Toulouse, Marseille, Nancy, Metz, Tours ou Lyon, mais aussi le Théâtre des Champs-Élysées et l’Opéra de Paris où il débute en 1980 en Séraphin dans Véronique de Messager. Il participe à six productions de l’institution capitale, chantant notamment Gonzalve dans L’Heure espagnole en 1986, Don Ottavio dans Don Giovanni en 1987 ou Aristée/Pluton dans Orphée aux Enfers en 1989.
Son goût pour l’opérette le porte au Grand Théâtre de Genève où il chante Le prince Saphir dans Barbe-Bleue en 1984 et le Duc de Mantoue dans Les Brigands en 1986, deux opus d’Offenbach. Sa carrière internationale l’emmène également au Festival de Glyndebourne où il chante la Théière dans L’Enfant et les Sortilèges et Gonzalve dans L’Heure espagnole en diptyque lors de l’édition 1987. En 1988, il découvre l’Opéra Amsterdam et l’Opéra de Liège en Comte Almaviva dans Le Barbier de Séville. Il se rend également au Carnegie Hall de New York et à l’Opéra de Philadelphie, où il reprend son rôle de Gonzalve dans L’Enfant et les Sortilèges durant la saison 1989/1990.
Parmi ses plus grands rôles se trouvent notamment Pâris dans La Belle Hélène chanté en 1982 à l’Opéra de Nantes, Piquillo dans La Périchole d’Offenbach et Nadir des Pêcheurs de perles de Bizet en 1983 à Radio-France, ou encore Béatrice et Bénédict de Berlioz en 1984 au Festival Berlioz. Parmi ses grands rôles du répertoire italien figure Lindoro dans l’Italienne à Alger, qu’il découvre durant la saison 1985/1986 lors d’une tournée en région parisienne, mais également Fenton dans le Falstaff de Verdi à l'Opéra de Lyon la même saison, ou encore Ramiro dans La Cenerentola durant la saison 1989/1990 à l’Opéra de Metz. Son incursion dans le répertoire du XXème siècle passe par l'opéra de Britten Albert Herring dans lequel il chante le rôle-titre en 1989 à l’Opéra de Nancy.
En 2006, Thierry Dran entreprend une série de concerts au cours de laquelle il interprète des airs du grand répertoire italien : Puccini, Verdi, Giordano, Cilea. En parallèle à cette carrière de soliste, Thierry Dran enseigne le chant et crée son agence artistique en 2008. Parmi ses élèves les plus célèbres figure Vincent Niclo qui lui a rendu un hommage appuyé :
Il aura également participé à des enregistrements marquants, comme dans le Fortunio de Messager dirigée par John Eliot Gardiner en 1988 où il interprète le rôle-titre :
Ou toujours avec le chef anglais, Les Brigands d'Offenbach en 1989 :
L'équipe d'Ôlyrix présente ses condoléances à ses proches, et en particulier à son fils Julien Dran, ténor habitué de nos pages (et dont nous chroniquions le récital Frère, accompagné du baryton Jérôme Boutillier, il y a quelques jours).