Première étape du Tour de France à l’Opéra de Nice
Après avoir accueilli les coureurs du Tour de France dans l'opéra, ce sont les musiciens qui invitent le public à retrouver leur maison lyrique. Bertrand Rossi a pris ses fonctions comme Directeur de l’Opéra de Nice en début d'année, il a toutefois déjà organisé un été musical d'une richesse unique et annoncé une nouvelle saison inédite, comme il a pris l'habitude d'entrer désormais en scène afin de présenter la soirée et de sensibiliser le public au respect du protocole sanitaire. Il prend même le soin de faire le lien entre les sportifs et les musiciens, qu'il souligne par l'objectif du dépassement de soi.
Un grand plaisir daccueillir les coureurs à l#operadenice pour la présentation officielle du @LeTour @VilledeNice @cestrosi pic.twitter.com/qTplk4eLFr
— Rossi Bertrand (@BertrandRossi06) 27 août 2020
Le peloton du @LeTour a l#operadenice @VilledeNice @cestrosi pic.twitter.com/al6fdRUb97
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La cohérence du programme est soulignée comme deux étapes successives d'un même parcours : le Concerto pour violon et orchestre de Beethoven suivi par la Symphonie n°4 dite « italienne » de Mendelssohn, ce dernier ayant participé à faire redécouvrir l'œuvre de Beethoven en dirigeant sous sa baguette l’archet de Joseph Joachim à Londres en 1844.
Parmi l’orchestre de nouveau réuni, de nombreux musiciens s’étaient illustrés en petits effectifs lors des coups de canon, intermèdes musicaux joués sur le parvis de l’opéra de Nice (comme autant de critériums musicaux donnés avec cette grande boucle). Sous la direction enjouée de Lionel Bringuier "le local de l'étape" guidant l'homogénéité sonore, le poème musical de Beethoven, qu’il aurait composé pour sa bien-aimée Thérèse de Brunswick, est lancé comme une échappée par ses quatre premiers coups de timbales assez reconnaissables, repris en écho de quatre notes jouées par le peloton des violons. Dans la Symphonie Italienne, les instruments à vent montent progressivement sur le motif répété des violons.
Le maillot jaune de cette étape musicale se nomme Renaud Capuçon. Le soliste s’attache à sentir la musique, les yeux fermés. Lorsqu’il joue, il exprime des nuances subtiles dans les aigus et montre une pleine dextérité dans les moulinets de l'archet et la précision de ses vibratos. La virtuosité de ses trilles est réalisée avec la rapidité magistrale d'un sprint, mais parfois ralentie au gré de l’émotion produite par la musique, et surtout, colorée de nuances (parfois subito entre le pianissimo et le forte). Alors que dans le premier mouvement, le violon solo joue après l’orchestre, c'est ensuite lui qui donne le ton à la phalange en jouant sur le lit de ses sonorités harmoniques. Au dernier mouvement, le jeu legato du violoniste contraste avec les notes piquées jouées en cordes pincées.
Sous un tonnerre d’applaudissements, le concerto se clôt, et Renaud Capuçon propose un bis solo plus lent, tout en émotion. Tout comme lorsque l'orchestre enchaîne et franchit la ligne d'arrivée avec des évocations folkloriques transalpines attestant des origines italiennes de la ville de Nice.
Le succès du spectacle est tel, que le chef prend la parole et accède à la demande d'un bis en lui proposant l’ouverture des Noces de Figaro de Mozart. Habile expédient pour les spectateurs friands d’opéras d'ici à la rentrée lyrique. D’ailleurs avant même cela, dès le 4 septembre l’Opéra de Nice proposera à nouveau de grands airs du répertoire. La Directrice artistique de l’événement, Melcha Coder, ex-cantatrice, a concocté ce concert lyrique avec des airs du Trouvère, de Macbeth et de La Force du destin de Verdi, ainsi que de la Tosca de Puccini dirigés par Thibaud Epp, avec la soprano Gabrielle Mouhlen, le ténor Luciano Ganci et le baryton Giuseppe Altomare. Une saison musicale niçoise qui se poursuit les 26 et 27 septembre avec le 19e Festival d’opérette de Nice (avec à l’affiche notamment No no Nanette et Andalousie) et la rentrée lyrique événement de l'Opéra par Akhnaten le 1er novembre.