Anniversaire Beethoven au TCE par le Wiener Philharmoniker et Andris Nelsons
La
direction musicale d’Andris Nelsons, par sa fructueuse
collaboration avec l'Orchestre Philharmonique de Vienne, saisit l’engouement de la Huitième et la noble grandeur de la Neuvième.
Dans l’ensemble, elle révèle une compréhension approfondie de la
structure de l’œuvre et un sens prononcé de l’unité des
mouvements. La précision et la maîtrise technique de l’orchestre
se font remarquer de bout en bout. Les juxtapositions et contrastes entre l’aspect sautillant et l’aspect imposant de la
masse sonore sont exécutés avec soin et précision. Ainsi, lorsque
la masse sonore doit s’imposer avec beaucoup de poids, l’union
entre les violoncelles et les contrebasses devient-elle le sol solide qui
soutient le reste de la palette instrumentale. La partie vive du
premier mouvement, allegro
vivace e con brio, manifeste
ce brio d’une manière évidente. L’aspect scintillant de
l’œuvre, quant à lui, est bien mis en évidence dans le deuxième
mouvement de la Huitième, allegro
scherzando,
et dans le deuxième mouvement de la Neuvième, molto
vivace, où le dialogue dansant entre les bois et les violons dans le
registre haut ponctue le son voilé de la masse sonore. Enfin, la
direction musicale sait exploiter la capacité de l’orchestre pour
produire une brillance sonore de haut degré dans les tutti. Celui du dernier mouvement de la Huitième,
allegro
vivace, met notamment en œuvre la
régularité
et la vivacité du jeu de l’orchestre même dans les passages en
fortissimo les plus chargés.
Le tutti final de la Neuvième symphonie est un véritable triomphe
qui réconcilie abandon esthétique et tempérance réfléchie.
Dans ce finale tant attendu de la Neuvième symphonie, la grandeur de l’accompagnement musical est mise en valeur par le Chœur de Radio France sous la direction d’Andreas Herrmann, qui exclame la grande Ode avec un abandon esthétique plein de grandeur et de dignité. La densité sonore que produit le chœur est à la fois régulière et soigneusement nuancée. L’ardeur se fait l'intermédiaire et la médiatrice de l’accompagnement orchestral et des solistes. L’entrée de l’ « Ode à la joie » (« An die Freude ») est annoncée par le chant robuste et maîtrisé du baryton Günther Groissböck. Son timbre robuste est bien adapté au caractère grand et noble du chant. La soprano Annette Dasch, quoiqu'un peu détachée lors de son entrée aux phrasés froids, finit par intégrer son timbre dense et perçant à l’ensemble. Elle fait preuve d’une expressivité et d’une articulation impeccables. Également expressif est le ténor Klaus Florian Vogt, célèbre wagnérien et invité fréquent à Bayreuth. Son timbre, connu par son caractère cristallin et sa couleur particulière, apporte de la fraîcheur lors de son solo. Prudent et sensible lors de son échange avec l’orchestre, les accentuations de son chant rejoignent les syncopes (contre-temps) de la masse sonore de manière harmonieuse. L’alto Gerhild Romberger se fait remarquer par la consistance de son chant. Son timbre soyeux, qui consolide et garantit la régularité des passages en unisson, entre pleinement en contact avec le soprano et le ténor. Son chant est un homologue certain pour celui de Groissböck. Ensemble, les artistes sont raffinés comme l’essence de l’opus, ce qui leur vaut un triomphe des spectateurs.
Ce concert sera diffusé à une date ultérieure sur France Musique et retransmis sur cette page (abonnez-vous à nos réseaux sociaux pour en recevoir notification)