6ème Apér’Opéra en Avignon, avec Déborah Salazar-Sanfeld et Pauline Magneres
Après le cinquième Apér’Opéra en janvier avec la soprano Charlotte Bonnet et le baryton Alban Legos, la série se poursuit avec la
soprano franco-mexicaine Déborah Salazar-Sanfeld accompagnée ce
soir par la jeune pianiste Pauline Magneres. C’est dans le grand
répertoire romantique du bel-canto/vérisme à travers Rossini,
Puccini, Donizetti et Bellini qu’elles puisent ce soir. Dans une
carrière déjà bien élancée, la chanteuse a récemment gagné le
Premier Grand Prix du Concours International de Bel Canto Bellini
où elle fut qualifiée de "nouvel espoir de la scène
belcantiste".
Le début demeure assez formel, voire réservé scéniquement, avec son premier morceau "Vaga Luna" de Bellini, mais une plaisante voix homogène au timbre généreux prend progressivement sa place au sein de l’auditorium. Dotées de médiums chaleureux et riches en harmonies, les lignes semblent faciles et ne dégagent aucune difficulté apparente. Elle poursuit sur les grands airs lyriques dramatiques. Sortant de sa zone de confort, elle applique une grande rigueur vocale sur l’ensemble du concert et démontre un bon potentiel, malgré une étendue vocale encore un peu jeune. S’imprégnant de la musique, les nuances vocales semblent être son atout premier et lui permettent de valoriser les longues phrases ainsi que les tenues. Le legato est fort bien exécuté et soutenu.
Cependant, les montées vers les aigus sont plus périlleuses : soigneusement appliquées mais les sommets perdent en justesse (parfois un demi-ton trop haut) et sont trop stridents. Cependant, les aigus en "staccato" (piqués) lors de la scène de la folie de Lucia di Lammermoor (Donizetti) ont l'efficacité d'un son concentré, court et timbré. Quant aux graves, ceux-ci sont résonnants et vibrants mais les extrêmes inférieurs, en voix de poitrine, sortent du registre, changent la ligne et le son. En guise de bis, elle revient sur le répertoire classique avec le tendre air de Susanna ("Deh vieni non tardar") dans Les Noces de Figaro (Mozart) où son interprétation simple et sans artifices, s'appuie sur des pianissimi raffinés et charmants. L’accompagnant dans ce récital, la pianiste Pauline Magneres, s’adapte pleinement aux intentions musicales de sa partenaire de scène. Ses intermèdes (les intermezzi des opéras Cavalleria Rusticana et Manon) sont courts mais virtuoses et apaisants.
C’est par un accueil enthousiaste que le public remercie les deux artistes.