Petite Messe solennelle (et authentique) au Théâtre des Champs-Élysées
Le
maestro se montre attentif et particulièrement souple dans sa
direction pour pleinement et constamment harmoniser l’effectif (quatre solistes, chœur, piano et harmonium). Lors des ensembles, il
aiguille -voire aiguillonne- les interprètes pour leur donner
l’entrain nécessaire. À l’inverse, lors des airs solo, il va
jusqu’à se mettre complètement en retrait de la direction
permettant aux solistes et deux claviers de s’exprimer comme en
récital.
La soprano arménienne Hasmik Torosyan savoure visiblement et audiblement ce concert. Timbre fin et naturel, l’étendue large et souple de sa voix soutiennent son aisance évidente. Ses interventions savent devenir plus expressives et audacieuses avant de retenir son duo avec la contralto pour entremêler et confondre une délicieuse harmonie. Anthea Pichanick initialement prévue à ce pupitre de contralto est remplacée au pied levé par le contre-ténor italien Carlo Vistoli. Brillant d’une voix homogène et englobant un phrasé riche et voluptueux, chaque note est déclamée avec élégance. Le son est mordant et s’accroche jusqu’à la dernière note.
Le ténor français Cyrille Dubois reste vaillant et dévoué à la musique. Timbre droit et léger, le relief vocal se fait rare mais file un legato et des liaisons enivrantes. Le baryton-basse italien Daniele Antonangeli, aux harmonies chaudes et colorées se montre confiant et s’affirme en soliste comme dans les fondations des ensembles. Le timbre caverneux reste stable et sonore dans les aigus mais s’efface en fins de souffle. Le phrasé semble alors restreint et manque de projection.
Les deux instrumentistes tiennent la partition dans une constante efficacité, remarquée. Le pianiste Tanguy de Williencourt est à la fois autonome et attentif envers les autres musiciens dont il accompagne et ponctue délicatement les interventions en prolongeant les phrasés. À l’harmonium, l’organiste Bart Rodyns offre une présence souple et donne de la brillance à chacun de ses passages. Le Chœur de la Radio Flamande s’avère dynamique et rigoureux dans l’exécution de la partition. Malgré une interprétation fort académique, quelques passages se démarquent par leur ampleur dès lors étonnante. De quoi mener vers un final énergique, comme l’accueil du public.