Juliette Mars rend hommage à toutes les musiques au Théâtre du Capitole
La mezzo-soprano Juliette Mars est française, pourtant elle chante surtout outre-Rhin, ayant rejoint l'Ensemble du Staatsoper de Vienne. Interprétant l’une des fille-fleurs dans le Parsifal actuellement à l’affiche du Capitole (compte-rendu), elle saisit l'occasion pour se présenter en récital à Midi. Composé de trois parties, le programme d’une heure fait d’abord entendre trois airs caractéristiques de l’opéra baroque et classique. Ayant vécu 15 ans à Vienne, Juliette Mars partage également trois Lieder de Gustav Mahler (1860-1911) sur des poèmes de Friedrich Rückert (1788-1866). En contrepoint, elle conclut par trois airs plus légers extraits d’opérettes françaises et viennoises.
L'air italien ("Dopo notte" d’Ariodante de Haendel) semble servir surtout de mise en voix, les vocalises de la chanteuse gagnant progressivement en incision et son souffle en assurance. Elle n’est pourtant pas d'abord aidée par son accompagnateur pianiste, Christophe Larrieu, dont le toucher peu appliqué laisse quelques fois entendre des bavures et manque d’une tonicité qui soutiendrait les premières intentions de la mezzo-soprano. Celle-ci en montre pourtant de très nobles et tendres lors de Music for a while extrait d’Œdipus de Henry Purcell (1659-1695) : les propositions colorées de ses médiums et ses graves veloutés tissent les nuances comme sur un fil. Autant de risques encore davantage appréciés un peu plus tard avec le très convaincu Ich bin der Welt abhanden gekommen (Je suis coupé du monde) de Mahler. Elle y démontre d’ailleurs sa grande aisance dans la langue allemande et le répertoire romantique – d'autant que Christophe Larrieu s'y montre également bien plus coloré et attentif, malgré une présence qui pourrait être davantage feutrée.
Pleinement encouragée par le public toulousain déjà conquis, Juliette Mars amuse tout en gardant son élégance grâce aux airs d’opérettes qui suivent, particulièrement "L’Invocation à Vénus" de La Belle Hélène de Jacques Offenbach (1819-1880), et "Meine Lippen sie küssen so heiβ" (Mes lèvres donnent des baisers enflammés) de Giuditta de Franz Lehár (1870-1948). Outre sa présence sur scène –offrant même quelques pas de danse avec castagnettes–, la mezzo fait preuve d’une diction soignée, avec des voyelles très ouvertes et un vibrato appuyé mais bien dosé.
Fort applaudie, Juliette Mars remercie son public en offrant pour bis l’air du Compositeur dans Ariane à Naxos de Richard Strauss (1864-1949) puis en ter un air valsé viennois, appelant le printemps, offrant ainsi un dernier rayon de soleil aux toulousains avant qu’ils ne ressortent.