Simon Rattle tire de son orchestre londonien les nuances allant de l’infinitésimal jusqu’au déluge, à travers le chant du cygne de Berg. La violoniste Lisa Batiashvili trouve là un paysage où déployer son art, sans ostentation, limpide et impérieuse. Faisant corps avec l’orchestre, la mélancolie est dense et subtile. Le suraigu final tenu triple piano au violon, sonne comme prévu par le compositeur : telle la voix des anges. Le public ovationne la prestation de la soliste au point qu'elle comble la première partie du concert d'un bis (partita de Bach en solo).

« Christus am Ölberge » met en scène l’épisode du Mont des Oliviers, jusqu’à l’arrestation de Jésus. Plus que de raconter l’épisode, le texte exprime les tourments intérieurs de Jésus, avant l’acceptation de son destin. L’ange (Seraph) commente tel l'évangéliste et même avec la voix de Dieu, mais sa partie ne durant que deux minutes en tout, elle fait regretter de ne pas pouvoir entendre davantage le timbre et médium très corsé de David Soar. Le chœur à la fois commentateur et acteur, figure le peuple, puis les soldats qui permettent l’arrestation, et les anges qui clôturent l’œuvre dans la rédemption. Ce chœur titanesque (composé de 120 chanteurs !) domine la soirée en volume et variété de palette dynamique, épousant les intentions du texte, du murmure jusqu’aux rugissements et au triomphe final.

Pavol Breslik, ténor, incarne Jésus, le protagoniste principal de l’œuvre, avec airs et récits animés. La voix sonore, étendue, capable de grands écarts dynamiques, sied à cette écriture qui requiert souplesse et expressivité. Touchant dans l'arioso (entre air et récit), il est très présent dans les ensembles. Elsa Dreisig offre elle aussi une voix seyante pour cette écriture si proche de celles des opéras de Mozart et Haydn. Le soprano sonore et étendu a un aigu lumineux et triomphant. Elle brille dans l’air comme le chœur, avec une indéniablement douce présence dans les ensembles. 

Le public acclame les artistes, la mémoire d'un ange et de Beethoven dont les célébrations continuent toute l'année (vous pouvez notamment réserver sur notre billetterie pour entendre la Messe en ut, Fidelio la Missa solemnis ou les Symphonies nº 8 et 9)