Parmi les dates de la production des Contes d’Hoffmann par Warlikowski in loco, la chanteuse invite le public belge à retrouver des pièces emblématiques du compositeur et à découvrir de somptueuses raretés accompagnée par l’Ensemble Contraste.

Loin du parfum de scandale qui entourait la dernière production scénique maison avec Jodie Devos (La Reine de la nuit dans La Flûte enchantée par Castellucci), la jeune chanteuse, « la plus Parisienne des Belges » vient servir avec légèreté et grâce les airs connus et pépites rares issues du répertoire d’Offenbach, « le plus Parisien des Allemands ».

« Chanteuse d’agilité » ou même « chanteuse à roulade », les interprètes du compositeur doivent se jouer des pyrotechnies et des identités vocales, très variées entre sérieux technique et folie de jeu. À la pointe de ces deux pôles, la lauréate du Concours Reine Elisabeth trouve à distiller un programme savamment concocté par Alexandre Dratwicki et le Palazzetto Bru Zane: frivole un peu, folle toujours, et surtout sensible, la femme d’Offenbach, complexe et agile se personnifie, de chair et d’os en Jodie Devos.

Et quelle douce folie ! Se jouant de la mythologie, des images musicales et textuelles, la soprano s’offre entière et malicieuse. Véloces, précis à la diction irréprochable, les mots s’enchaînent à une vitesse vertigineuse, dessinant les lignes des arias romantiques, féeriques et comiques, chutes et fusées.

     « Chanter le français est particulièrement complexe notamment en raison de ces sons nasalisés, de tous ces sons qui sont très pincés. Ajoutez à cela le fait de prononcer les "r" avec légèreté, afin de conserver une certaine élégance... Pour ce répertoire, l’intelligibilité du texte est évidemment primordiale même s’il est vrai que parfois, on n'a d’autre choix que d’arrondir et d’ouvrir un peu le texte »

L’Ensemble Contraste, grand défenseur du répertoire de musique de chambre, et son esprit de troupe vient cerner la chanteuse avec une  « pâte » bien personnelle, qui nourrit encore la mythologie d’Offenbach et les œuvres ouvertes du compositeur. Plus ornementées et baroques, plus douces et intimes pour le médium du répertoire, les pirouettes vocales de Jodie Devos sonnent naturelles et limpides, cachant la réelle difficulté d’interprétation. Avec sens du verbe, prosodie et humour, l’esprit du compositeur vient se mêler à la fraîcheur de voix, claire très ornementée de la chanteuse, dont les notes perlent, presque insaisissables.

Fluide et portée par l’Ensemble Contraste, un nouvel équilibre s’offre à La Monnaie, émouvant et surtout doucement fou.

Réservez vos places pour voir Jodie Devos dans Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach à l'Opéra Bastille, Psyché d'Ambroise Thomas au Théâtre des Champs-Élysées et Fantasio d'Offenbach à l'Opéra Comique de Paris