Duetti d’Amore au Théâtre des Halles en Avignon
Le Théâtre des Halles se joint à l’institut italien de la culture de Marseille ainsi qu’à l’Association Petit Palais Diffusion pour un concert intime, consacré au "Bel Canto", ses airs et duos d’amour.
Malgré un programme relativement court mais riche et complexe, les jeunes chanteurs italiens, récemment engagés au Rossini Opera Festival à Pesaro, s’annoncent brillants et adaptés à ce registre. En duos ou seuls et soutenus par la bienveillante pianiste Kira Parfeevets, chacun affirme une présence scénique et vocale prometteuse. La soprano colorature Claudia Muschio montre les prodiges de ses lignes ornées. Ancrée dans un jeu scénique plaisant et adapté à chaque personnage, elle se révèle polyvalente et fiable. Respectant les intentions et le style de chaque partition, sa voix homogène ne décélère pas, en particulier dans les vocalises d’une netteté et d’une beauté impressionnantes (à en croire son accueil public). Un brin cristalline dans les aigus et chaleureuse dans les médiums et graves, la voix se déploie amplement et avec facilité dans ce style, qui exige une très bonne précision et souplesse vocale. Sa Comtesse ("Partir, o ciel, desio") du Voyage à Reims de Rossini est particulièrement remarquée pour sa gestion du souffle incassable et nourrissant ses capacités vocales. Les duos d’amour avec son partenaire sont émouvants et captivants, comme leurs badineries sont amusantes et complices.
Actuellement en contrat avec La Scala de Milan où il jouera Don Ramiro dans une version abrégée et adaptée pour les enfants de La Cenerentola, le ténor coloré de Matteo Roma se révèle également investi. Moins dans la gestuelle et dans la théâtralité, il concentre ses actions dans son élocution et interprète ses rôles avec cœur. Malheureusement, suite à une petite défaillance, le ténor se trouve mal en plein concert et se voit obligé de s’accorder une pause mais malgré tout, il reprend peu de temps après et termine le concert, sous les applaudissements compatissants mais mérités du public. Le legato et le phrasé langoureux du chanteur est contrôlé et varié par de délicates nuances vocales. Énergique et homogène du début à la fin, il reste professionnel et présent dans chacune de ses phrases. La voix s'adapte à l'air plaignant et triste de Nemorino "Una furtiva largrima" comme au triomphal Prince Don Ramiro. Les contre-uts sont légers et résonnants.
Le public semble ravi de découvrir ou de redécouvrir un style propre au chant lyrique, mais aussi d’entendre deux artistes talentueux, venus d’Italie pour cette semaine consacrée au berceau de l'opéra et du bel canto.