Volcadiva, quand l'art du chant s'invite au pied des volcans d'Auvergne
Ayant
le privilège d'ouvrir la 22ème édition de ce festival, dans le
magnifique théâtre thermal du casino de Royat-Chamalières,
Clémentine Decouture est l'une de ces jeunes artistes déjà
affirmée. Proposant un spectacle intitulé La Vie est un cabaret,
à mi-chemin entre récital lyrique et "one woman show",
soit entre musique et divertissement, la jeune soprano formée au
conservatoire de Dijon enchaîne des airs issus de répertoires
divers et d'époques variées. Le programme convie Messager et
Offenbach aussi bien que Gershwin et Kurt Weill, exhumant également
des chansons bien connues telles que Over the rainbow, air
rendu célèbre par Judy Garland dans le film Le Magicien d'Oz
avant de devenir un standard du jazz. Des refrains populaires
sont également (re)mis en lumière, comme la chanson J'ai deux
amants signée du duo André Messager-Sacha Guitry, ou encore le
titre Mon homme, composé dans les années 1920 et popularisé
à l'international, bien après Mistinguett, par les reprises (en
anglais) de Billie Holiday et Ella Fitzgerald.
Le « show » lyrique de Clémentine Decouture
Un menu vocal éclectique donc, pour Clémentine Decouture qui y voit l'opportunité de déployer une épatante énergie scénique, n'hésitant pas à faire les cent pas sur scène, à jouer avec le public et à narrer quelques anecdotes sur sa propre vie marquée par une longue et rude quête de l'homme idéal (les oreilles de ces messieurs du public en sifflent fort quelquefois). Mais, parce qu'il s'agit bien d'abord d'un spectacle lyrique, la jeune soprano parvient surtout à s'illustrer par l'emploi d'un timbre aussi coloré que chaleureux, passant avec aisance de la vocalise lyrique à l'art exquis du swing.
Celle qui s'est déjà illustrée dans de nombreux concours internationaux (Prix d'interprétation et Prix du public au concours international de chant de Vivonne, Grand prix Opéra au concours international de Marmande, Prix de la mélodie au Concours international de mélodie française de Toulouse) dévoile son aisance dans l'art de projeter et de faire vibrer de délicieux aigus, comme dans l'air de Cupidon, extrait d'Orphée aux enfers de Jacques Offenbach. C'est aussi le cas dans l'air Je ne t'aime pas, signé Kurt Weill, où Clémentine Decouture, jusqu'alors si enjouée et pétillante, parvient sans mal à devenir une amante blessée, tant par les traits soudain fermés de son visage que par l'émission de notes graves pleines de rondeur et d'affliction (certes légèrement moins audibles que les notes situées à l'autre bout de la portée, mais non moins expressives).
Un réjouissant récital
Accompagnée de l'impeccable pianiste iranienne Jeyran Ghiaee, la soprano française est tout aussi à son aise dans les Chansons pour enfants de Claude Debussy. Dans cette succession de contes chantés, elle parvient à faire bon usage d'une ligne vocale harmonieuse et soignée, quoique manquant parfois de résonance dans un medium bien plus souvent parlé que véritablement chanté. À son actif, la soprano sait aussi faire montre d'une réelle aisance dans une diction que le rythme de la partition est pourtant loin de rendre évidente.
En somme, en robe noire et talons hauts, Clémentine Decouture laisse donc un public réjoui sur une scène auvergnate vouée à accueillir à sa suite bien d'autres jeunes artistes lyriques, tels le baryton Benoit Capt, les sopranos Charlotte Bonnet, Clara Guillon et Sabine Revault d'Allonnes, la mezzo Ahlima Mhamdi, ou encore les contre-ténors Leo Fernique et Fernando Escalona.