La folle Périchole de Divinopera à l’Espace Pierre Cardin
Hier soir avait donc lieu la première de la Périchole d’Offenbach, revisitée de fond en comble par la compagnie Divinopera. Si, du fait de son statut semi-professionnel, les niveaux entre les interprètes sont hétérogènes, une douce folie et un enthousiasme communicatif se dégagent de cette troupe. La faute à Christian Bruster, le metteur en scène qui a réécrit une grande partie des textes (y compris des parties chantées) afin d’en resituer l’histoire sur la côte d’Azur et à Monaco. Il se dégage du résultat final une grande cohérence, ce parti-pris se traduisant à tous les niveaux, sur la scène comme en dehors : musique de salle à l’entracte, costumes des placeuses et de l’orchestre, jusqu’à un « rocher » Suchard proposé en dessert dans le menu de la buvette. Bien sûr, l’exercice est difficile et tous les gags réinventés ne font pas mouche, mais il reste à la fin largement assez de réelles trouvailles et de fines ingéniosités pour susciter l’adhésion du public. Car l’ensemble est coloré, porté par les nombreux costumes créés par Christian Bruster et les perruques improbables de Véronique Savin.
Cédric Le Barbier interprète le Vice-Roi Don Andrès dans la Périchole.
Vocalement, les trois personnages principaux, livrent une brillante prestation. Marie Saadi, choriste à l’Opéra de Paris (actuellement dans le Trouvère, bientôt dans les Maîtres Chanteurs) incarne une pétillante Périchole d’une voix chaude aux aigus voluptueux. A ses côtés, le rôle de son amant Piquillo est parfaitement tenu par Matthieu Justine, dont l’énergie et la voix claire font merveille. Enfin, Cédric Le Barbier est l’une des révélations de la soirée : le baryton incarne le Vice-Roi de Monaco d’une voix parfaitement projetée et contrôlée, à la fois lumineuse et limpide. Sa prononciation est parfaite, ce qui est d’autant plus important lorsqu’aucun surtitrage n’est disponible. Leur trio du joli geôlier, à l’acte III, est ainsi particulièrement remarquable. Moins à l’aise vocalement, les seconds rôles apportent du jeu et soutiennent les comiques de situation. Ainsi, le facétieux Panatellas de Hugues Blunat a été très applaudi, tout comme les trois cousines de Clémence Levy, Malaïka Fretille et Caroline de Monsoreau, dont les pantomimes désopilantes font rire à chacune de leurs apparitions.
Caroline de Monsereau, Clémence Levy et Malaika Frétille interprètent les trois cousines dans la Périchole.
Le jeune chef Romain Dumas dirige l’Orchestre et le Chœur (qui manque cruellement de voix masculines !) avec beaucoup d’autorité et de subtilité, dynamisant l’ensemble tout en rattrapant d’un geste sûr les quelques écarts rythmiques ou de justesse de ses masses musicales. Nul doute que nous le retrouverons à l’avenir dans les fosses des institutions lyriques nationales. En attendant la prochaine production de Divinopera !
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