L'Opéra de Versailles fête ses 250 ans avec un programme royal pour 2019/2020
C'est presque une révolution pour Château de Versailles Spectacles qui n'avait quasiment jamais pris l'initiative d'une production maison. L'Opéra Royal montera pourtant par ses propres moyens et grâce au soutien de l'ADOR (Amis de l'Opéra Royal) Richard Cœur de Lion d'André Grétry. Comme le rappelait le Directeur des lieux, Laurent Brunner dans notre interview : "la dernière note jouée à l’Opéra Royal sous la monarchie en est extraite, puisque l’un des airs (« Ô Richard, Ô mon roi ») avait été chanté dans un banquet des gardes du corps, cinq jours avant la fuite de la famille royale". La mise en scène confiée à Marshall Pynkoski permet de prolonger les relations entretenues grâce à l'Opéra Atelier de Toronto. Les voix seront portées par Rémy Mathieu, Reinoud van Mechelen, Melody Louledjian, Marie Perbost, Geoffroy Buffière, Jean-Gabriel Saint-Martin, François Pardailhé, Cécile Achille avec Le Concert Spirituel d'Hervé Niquet.
Les coproductions seront une fois encore variées. Les Fantômes de Versailles de John Corigliano commandés par le Met (en 1980) pour son propre centenaire ne sauraient être davantage à leur place dans une saison royale anniversaire (la mise en scène états-unienne de Colin Graham cède à celle de James Noone l'honneur de la création en France). C'est même (autre révolution) un orchestre maison, nommé "Orchestre de l'Opéra Royal" qui sera en fosse, dirigé par Jay Lesenger avec Yelena Dyachek, Jonathan Bryan, Kayla Siembieda, Ben Schaefer, Brian Wallin, Joanna Latini incarnant les personnages inspirés par la troisième partie de la trilogie de Figaro écrite par Beaumarchais (après Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro).
Beaumarchais qui a notamment inspiré un épisode d'une autre trilogie, musicale celle-ci : les trois opéras de Mozart et da Ponte (Les Noces de Figaro, Don Giovanni et Così fan tutte) qui ont été donnés à Versailles en 2016 et 2017. Mozart reviendra dans une autre langue et un autre style mais à nouveau dirigé par Marc Minkowski : La Flûte enchantée mise en scène par Cécile Roussat et Julien Lubek en coproduction avec Avignon. Hervé Niquet dirigera de nouveau Le Concert Spirituel ainsi que Florie Valiquette, Mathias Vidal, Marc Scoffoni, Chantal Santon-Jeffery, Tomislav Lavoie, Pauline Feracci, Olivier Trommenschlager, Suzanne Jérome, Marie Gautrot, Mélodie Ruvio, Matthieu Lécroart, François Pardailhé, Jean-Christophe Lanièce. Mozart qui parlera cependant aussi italien, avec La Finta Giardiniera mise en espace par Sophie Daneman, Mariasole Mainini, Lauren Lodge-Campbell, Deborah Cachet, Théo Imart, Moritz Kallenberg, Rory Carver, Sreten Manojlovic et Les Arts Florissants de William Christie.
Marc Minkowski encore avec La Périchole qui avait ouvert la saison anniversaire Offenbach dans son Opéra de Bordeaux, mais avec Les Musiciens du Louvre et non l'Orchestre des lieux. C'est évidemment la même mise en scène de Romain Gilbert qui mettra à l'honneur le même splendide casting français : Aude Extrémo, Stanislas de Barbeyrac Alexandre Duhamel, Eric Huchet, Enguerrand de Hys, François Pardailhé, Olivia Doray, Julie Pasturaud, Mélodie Ruvio, Adriana Bignagni Lesca (le seul petit nouveau est Romain Dayez).
Comme Versailles co-produit en ce moment La finta Pazza (production de Dijon), l'Opéra Royal ne manquera pas un autre opus de Cavalli (héritier de Monteverdi) : Ercole Amante (à réserver dès à présent pour l'Opéra Comique), mis en scène par Valérie Lesort et Christian Hecq avec la phalange Pygmalion de Raphaël Pichon, Nahuel di Pierro, Anna Bonitatibus, Giuseppina Bridelli, Francesca Aspromonte, Krystian Adam, Eugénie Lefebvre, Giulia Semenzato, Ray Chenez, Dominique Visse, Marie Planinsek, Perrine Devillers, Corinne Bahuaud, Olivier Coiffet, Renaud Bres, Nicolas Brooymans.
L'Italie sera également à l'honneur d'un Pasticcio (pratique historique consistant à réunir des extraits de différents opéras pour en faire un nouveau) avec Jakub Józef Orliński, Lea Desandre et Les Arts Florissants de William Christie, mis en scène par Robert Carsen.
Mais à tout seigneur tout honneur, c'est évidemment le répertoire français qui sera le plus représenté, également concernant les opéras mis en scène avec le retour du Ballet royal de la nuit, après Scylla et Glaucus de Jean-Marie Leclair (mise en scène et chorégraphie Catherine Turocy avec la New-York Baroque Dance Company, Véronique Gens, Chantal Santon-Jeffery, Judith van Wanroij, Les Chantres du CMBV et le Philharmonia Baroque Orchestra dirigés par Nicholas McGegan).
Platée de Rameau dont nous vous annoncions de longue date la mise en scène par Shirley et Dino, avec leur camarade Hervé Niquet, Le Concert Spirituel, Mathias Vidal, Jean-Christophe Lanièce, Marc Labonnette, Enguerrand de Hys, Marianne Croux, Jean-Vincent Blot, Marie Perbost, Marie-Laure Garnier (coproduction Toulouse). Rameau est également à l'honneur des versions concertantes : exactement un mois après la version mise en scène à Bastille par Clément Cogitore, Valentin Tournet dirigera Les Indes galantes à Versailles avec La Chapelle Harmonique, Ana Quintans, Emmanuelle de Negri, Julie Roset, Philippe Talbot, Luigi de Donato, Guillaume Andrieux. Rameau toujours : Les Boréades avec Deborah Cachet, Caroline Weynants, Mathias Vidal. Benedikt Kristjánsson, Benoît Arnould, Tomáš Šelc. Nicolas Brooymans, Lukáš Zeman et le Collegium 1704 de Václav Luks.
Une mise en scène et deux concerts aussi pour Lully, à commencer par Le Bourgeois gentilhomme de Molière par Denis Podalydès emmené par Christophe Coin. Cadmus et Hermione verra le Poème Harmonique dirigé par Vincent Dumestre avec Thomas Dolié, Adèle Charvet, Eva Zaïcik, Guilhem Worms, Virgile Ancely, Benoît Joseph Meier. Enfin pour Lully concertant : Isis avec Bénédicte Tauran, Ambroisine Bré, Robert Getchell, Eve-Maud Hubeaux, Edwin Crossley-Mercer, le Chœur de Chambre de Namur & Les Talens Lyriques de Christophe Rousset.
Poursuivant la belle lignée en concert des maîtres français, Semiramis d'André Cardinal Destouches sera défendu par Mathias Vidal, Emmanuelle de Negri, João Fernandes et Les Ombres. Circé d'Henry Desmarest mettra en vedette Gaëlle Arquez, Caroline Mutel, Hélène Carpentier, Sébastien Droy, Nicolas Courjal et Les Nouveaux Caractères de Sébastien d'Hérin.
L'Angleterre sera aussi représentée, avec Psyché de Matthew Locke (1621-1677) défendu par Deborah Cachet, Élodie Fonnard, Caroline Weynants, Caroline Bardot, Lucile Richardot, David Tricou, William Shelton, Marc Mauillon, Randol Rodriguez, Antonin Rondepierre, Étienne Bazola, Renaud Bres, Nicolas Brooymans et l'Ensemble Correspondances de Sébastien Daucé.
Versailles est spécialiste de baroque, mais symbole de l'immensité temporelle que l'institution sait balayer (outre la création précédemment nommée), elle ira des origines de l'opéra vers le XIXe siècle. Le premier chef-d'œuvre du genre lyrique, Orfeo de Monteverdi avec la Cappella Mediterranea de Leonardo García Alarcon, Valerio Contaldo, Mariana Flores, Giuseppina Bridelli, Anna Reinhold, Konstantin Wolff, Salvo Vitale, Amélie Renglet, Estelle Lefort, Carlo Vistoli, Leandro Marziotte, Alessandro Giangrande, Nicholas Scott en janvier 2020. Mais avant cela et en ouverture de saison lyrique le 8 septembre 2019 : Benvenuto Cellini d'Hector Berlioz avec Michael Spyres, Matthew Rose, Tareq Nazmi, Krystian Adam, Ashley Riches, Adèle Charvet, l'Orchestre Révolutionnaire et Romantique de John Eliot Gardiner, mais aussi, en forme de symbole, le Monteverdi Choir. Il y aura même un concert Wagner (extraits de Tristan et Isolde, La Walkyrie et Parsifal par la soprano Michelle DeYoung, le ténor Simon O'Neill et l'Orchestre National d'Ile-de-France dirigé par Case Scaglione) !
La maison célèbre aussi son quart de millénaire en mettant 32 concerts en avant avec de grands opus et de grands noms. Philippe Jaroussky offrira un récital Vivaldi-Haendel avec son Ensemble Artaserse, Bartoli un récital Vivaldi avec ses Musiciens du Prince-Monaco et Andres Gabetta dirigeant du violon, Il Pomo d'Oro accompagnera aussi bien Orlinski que Fagioli, Patricia Petibon allumera les "Flammes de magiciennes" avec Héloïse Gaillard et l'Ensemble Amarillis, Lucile Richardot embarquera pour le Voyage d'Anne de La Barre au Septentrion, Reinoud van Mechelen rendra hommage à Dumesny, haute contre de Lully.
La Chapelle Royale fera de nouveau résonner Le Messie, Magnificat, Messe de Noël, Requiem de Campra puis de Mozart. Entre La Passion selon saint Jean de Bach par Le Concert des Nations & La Capella Reial de Catalunya de Jordi Savall et la Messe en ut de Mozart par Pichon et Pygmalion, un Concert-hommage au génocide arménien. Les Motets seront à l'honneur en juin-juillet, ceux de Bach, Clérambault et Lully (les Motets de Pierre Robert auront été interprétés en janvier, ceux de Lalande en décembre).
Sans oublier enfin trois intéressants Ballets (outre le Royal de la Nuit) : Brel & Barbara/boléro par le Béjart Ballet Lausanne, Gravité par Preljocaj, Marie-Antoinette par le Malandain Ballet Biarritz.