Femmes, je vous aime en Avignon
À la nuit
tombée, les amoureux (de la musique) sont accueillis par une
dégustation de chocolats au gingembre, à la framboise ou à la
passion, accompagnés de vins. Une atmosphère conviviale qui marque le
fil rouge (comme l'amour) de cette soirée : la conférence de
Catherine Michaud retraçant -parmi les tableaux- l'évolution du
statut des femmes dans l'art (« Modèles, anges inspirateurs ou
compagnes de débauche, muses ou Interprètes ») avec force
exemples et surtout les illustrations des deux musiciennes présentes
(Modigliani, Vuillard et Fuijita dialoguent avec Offenbach, Satie et
Debussy, dédiant leurs partitions aux chanteuses Paulette Darty,
Hortense Schneider et Marie-Blanche Vasnier).
La soprano française Ludivine Gombert joue à domicile : formée aux chœurs de l’Opéra d’Avignon, elle vient d'interpréter le premier rôle dans La Bohème de Puccini à l’Opéra Confluence en Avignon. La soprano traverse ici deux répertoires divers en changeant nettement le jeu et la voix, mais en conservant leurs intensités grâce à une présence sensible et affirmée. Les mélodies (Satie et Debussy) sont chaudes, clairement prononcées et naturellement vibrées, avec un souffle assuré et la fine justesse du legato. Les opérettes d’Offenbach (La Périchole et La Grande-Duchesse de Gérolstein) plus comiques et légères, malicieuses et joueuses n'en conservent pas moins le liant des phrasés, la justesse des intervalles et des intentions (précises et cohérentes). L'ensemble des textes -tous en français- transmet l'émotion des lignes impeccables, l'intelligibilité jusque dans les aigus à la fois légers et lyriques.
Complétant ce trio féminin, la pianiste Maya Berdieva se montre d'une écoute complice, intercalant ses envolées, légères et virtuoses avant de se recueillir en soliste dans les Estampes de Debussy et les Gnossiennes de Satie.
Une soirée qui offre de quoi garder à l'oreille de belles mélodies, mais aussi garder à l'esprit, pour les couples venus nombreux, combien la place de la femme dans la société est un combat de chaque instant, comme sert aussi à le rappeler l'opéra.