Jodie Devos pétille de mille feux avec Offenbach à Compiègne
La programmation en ce lieu n’apparaît certes pas anodine car le Palais Impérial contigu reste toujours imprégné des fastes et du souvenir de la cour de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie, souverains qui gouvernaient la France au moment des plus grands triomphes du compositeur.
Bicentenaire oblige, le programme proposé par Jodie Devos, en association étroite avec le Palazzetto Bru Zane Centre de musique romantique français et son directeur artistique Alexandre Dratwicki, privilégie, outre quelques morceaux célèbres, la rareté. Ôlyrix a déjà évoqué par le détail les qualités du CD paru et son contenu. Faute de disposer d’un orchestre, la tournée du présent concert organisée en Italie et en France s’appuie sur les compétences de l’Ensemble Contraste et de ses musiciens : Johan Farjot, piano et arrangements, Arnaud Thorette, violon et direction artistique, Antoine Pierlot, violoncelle et Jean-Luc Votano, clarinette. Outre l’accompagnement des airs chantés par Jodie Devos, cet ensemble offre en complément plusieurs arrangements de Johan Farjot sur des musiques d’Offenbach : Harmonies du soir, Barcarolle des Contes d’Hoffmann, Les Larmes de Jacqueline où le violoncelle profond d’Antoine Pierlot émerveille, Pot-Pourri, Menuet et Galop Final d’après Orphée aux Enfers, Air du Brésilien de La Vie Parisienne au rythme un peu retenu cependant.
Jodie Devos, après un début crispé (air de la Corilla de Vert-Vert, puis rondo de Ciboulette de Mesdames de la Halle) se libère franchement au contact d’un public ravi par sa prestation. La souplesse de ses vocalises, le rayonnement de l’aigu et du suraigu plus ronds qu’au disque, une certaine malice dans l’interprétation de ces personnages aux multiples facettes, voire même une certaine gouaille (couplet de la dompteuse extrait de Boule de Neige), enchantent très justement. Cette facilité, cette fraîcheur bienvenue, imprègnent son interprétation de la romance d’Elsbeth de Fantasio, au climat très poétique, ou la romance de Rosée du Soir du Roi Carotte. Plus discutable peut-être, l’air d’Olympia un rien surchargé en vocalises et en ornementations.
Jodie Devos renoue ici avec un répertoire très en vogue au 19ème siècle, mais aussi avec la chanteuse d’agilité à la française alors si appréciée. L’artiste est intelligente, musicienne et le bonheur imprègne constamment son chant. Une soirée décidément salutaire au sein de la morosité actuelle. Prochain rendez-vous en France pour Offenbach Colorature fixé au 17 juin prochain au Théâtre des Bouffes-du-Nord dans le cadre de la 7ème Édition du Festival Palazzetto Bru Zane à Paris.