Les Deevaz au Ciné 13 Théâtre : l'Opéra pour tous
Qu'elle est difficile et drôle la vie de Diva ! Auditions ratées, cours de chant catastrophiques, jalousies et mesquineries entre les Castafiores, costumes ridicules, conditions de travail éprouvantes : ce spectacle retrace avec un humour toujours intelligent le parcours du combattant des chanteuses lyriques. Parfaite initiation au monde de l'opéra, les sketchs au rythme effréné qui mettent en piste et en conflits les quatre chanteuses et leur pianiste sont aussi l'occasion de parcourir les chefs-d'œuvre du répertoire. Bellini grinçant comme une porte, Pergolèse mystique, Gounod amoureux valsant, Puccini nippon (ni mauvais), Aïda par une Heidi autrichienne, Traviata libérée, Purcell grelottant, parmi les autres tubes légendaires (Duo des fleurs, air de la Castafiore, Habanera) mais aussi "Les Haricots" de La Route fleurie, ou encore un musical de Sondheim en quatuor jazzy. Le délire génial culmine avec un double medley Wagner en culottes de peau puis Walt Disney en princesse comme en crabe, résumant bien l'esprit du programme.
Pour parfaitement abriter leur spectacle unique, Les Deevaz ont tout d'abord su trouver un endroit aussi exceptionnel qu'incroyable : le "Ciné 13 Théâtre" sur la butte Montmartre, que Claude Lelouch a reconstruit dans un style années 1920 pour y tourner son film Édith et Marcel (sur Édith Piaf et Marcel Cerdan) avant d'en faire une salle de projection. La salle de spectacle dans les sous-sols d'une belle cave gothique remporte ainsi assurément un prix pour l'originalité de son cadre, mais surtout elle peut se targuer sans contestation possible d'offrir de très loin le plus grand confort imaginable au spectateur : les sièges sont en effet d'immenses canapés moelleux.
De quoi parfaitement apprécier une troupe fantastique. Kamel Benac signe leur mise en scène vitaminée (mais révélant aussi, par le rire, la cruauté de ce monde), dont des dizaines de personnages offrent un véritable carnaval grâce aux costumes de Laurence Jeannerod. Le pianiste/arrangeur Roch Havet (alias François-René Déroule Ducable) ne saurait être davantage à l'aise et à sa place. Il est aussi naturel en narrateur qu'en improvisateur sur un instrument dont on oublierait presque qu'il est un piano électronique.
Le quatuor de chanteuses est soutenu par la contralto Karine Audebert (alias Maria Kallas-Nikov, en alternance avec la soprano Anne Derouard), avec trois sopranos aux typologies vocales complémentaires : Marion Dhombres (alias Malika Stafiore alternant avec Aline Quentin), Emilie Rose Bry la soprano Hair Colorature Elisabeth Schwarzkopf (alternant avec Sophie-Nouchka Wemel) ainsi que Marie Saadi alias Montserrat Tatouille. Autant d'artistes qui ont su moduler et adapter pour le grand public leurs qualités lyriques indéniables.
Les spectateurs réservent un triomphe aux Deevaz, un spectacle à ne surtout pas manquer : réservez vite vos places à cette adresse, vous nous en direz des nouvelles !