Pour Noël, Andreas Scholl offre ses "Petits cadeaux du Paradis" au TCE
À deux jours de Noël dans le cadre des productions Les Grandes Voix, Andreas Scholl offre au Théâtre des Champs-Élysées sous le titre « Petits cadeaux du Paradis », une partie du programme Jean-Sébastien Bach figurant au disque paru tout récemment chez Harmonia Mundi. Le contreténor alto s’entoure de l’Ensemble baroque justement dénommé « 1700 » par sa créatrice et animatrice, la flûtiste Dorothee Oberlinger. Cet ensemble fondé en 2002 à Cologne, principalement connu en Allemagne, se consacre à la musique orchestrale et de chambre ainsi qu’à l’opéra des 17ème et 18ème siècles. Dmitry Sinkovsky, le violon solo de l’Ensemble, a la particularité de débuter par ailleurs une carrière de contreténor soprano !
Le programme ainsi proposé
alterne cantates d’église, concertos et sonates. Après 25
années de carrière, Andreas Scholl, toujours aussi souriant, se
distingue par la fraîcheur de son timbre, sa tenue de
souffle et cette flexibilité vocale qui écarte toute sensation de
pesanteur et d’artifice. La simplicité de l’approche se pare
d’une rare intelligence et d’un rapport profond au texte. Même
s’il s’est illustré très brillamment dans l’opéra baroque,
Haendel tout particulièrement, la musique sacrée, celle de Bach en
premier lieu, demeure son fer de lance. La superbe et longue cantate
« Vergnüte Ruth », BWV 170, en témoigne et offre une
illustration parfaite du génie d’un artiste qui allie probité et
intensité expressive. Au programme par ailleurs, des cantates plus
courtes comme « Jesus schläft, was soll ich hoffen ? »
BWV 81, dite air du sommeil, datée de 1724 et l’air d’alto
« Leget euch dem Heiland unter » BWV 182, première
cantate composée par Bach pour la cour de Weimar en 1714. Puis, pour
conclure le programme, les cantates « Preise Jerusalem, den
herrn » BWV 119 et « Meine Seufzer, meine
Tränen », BWV 13, celle-ci intitulée, par Bach lui-même,
"Concerto d’église" : un beau programme de conception classique
donc.
Au niveau purement orchestral, l’Ensemble 1700 fait entendre les célèbres Concertos brandebourgeois n°2 en fa majeur (avec malheureusement l’utilisation d’une trompette ancienne, instrument difficile et peu enclin à la justesse, malgré toute la meilleure volonté de son interprète) et n°4 en sol majeur, le concerto n° 5 pour clavecin en fa mineur BWV 1056 et la belle sonate en trio pour violon, flûte et basse continue BWV 1038. L'auditoire admire la précision des attaques, la nervosité générale n’excluant pas la souplesse et l’intervention de qualité des musiciens solistes, dont Dorothee Oberlinger formidable virtuose de la flûte à bec, Lorenzo Cavasanti, seconde flûte à bec, Emiliano Rodolfi au hautbois et donc Dmitry Sinkovsky au violon.
En bis, ce dernier rejoindra avec brio Andreas Scholl pour le fameux duo « Sound the trumpet » d’Henry Purcell, les deux voix se répondant l’une à l’autre avec un bonheur rare et un plaisir infini. Le célébrissime choral « Jésus que ma joie demeure », interprété avec une ferveur certaine et une cohésion parfaite, termine logiquement une soirée de grande qualité, longuement ovationnée par le public du Théâtre des Champs-Élysées.