Tim Mead et Les Accents à la Sainte-Chapelle : une somptueuse clôture du Festival de Paris
Retrouvez nos comptes-rendus des précédents concerts du Festival de Paris :
- La soirée d'ouverture de Patricia Petibon au premier étage de la Tour Eiffel
- Le récital de Regula Mühlemann au Musée de la vie romantique
- Le concert des Cris de Paris au Petit Palais
Cinq soirées ont été proposées au public dans de somptueux décors : au premier étage de la Tour Eiffel, au Petit Palais, au Musée de la vie romantique, ou encore dans cet écrin qu'est la Sainte-Chapelle. Comment ne pas s'émerveiller de la beauté d'un tel édifice ? Passer ses portes pour y écouter de la musique baroque sacrée, n'est que parfaire l'expérience d'une pieuse admiration. Avant que le concert ne commence, les spectateurs ne tiennent pas en place : ils se lèvent pour observer les moindres détails de cette architecture splendide et prennent des photos. Cette chapelle palatine avait été édifiée dans le but d'abriter la Couronne d’Épines ainsi qu'un morceau de la Sainte Croix : y écouter un Stabat Mater prend alors tout son sens.
Tim Mead (© Benjamin Ealovega)
Le concert commence : les musiciens entrent par la nef, suivis de leur chef et du contre-ténor, laissant à rêver d'une union sacrée en musique. Une fois installés devant la Tribune des Reliques, les premières notes du Stabat Mater de Vivaldi sont jouées et emplissent l'espace. L'acoustique est, sans surprise aucune, excellente. Derrière son pupitre, Tim Mead fait sonner chaque consonne, sa voix est ronde, précise et claire. Un équilibre parfait s'établit entre la quinzaine de musiciens (jouant, bougeant et respirant comme un seul homme) et le chanteur. Ses trilles sont délicats et son chant d'une sobriété réjouissante. Ses nuances et ses phrasés portent les paroles bibliques jusqu'au dernier spectateur.
Après une brève interruption (permettant aux musiciens de se réaccorder), Tim Mead revient interpréter le Nisi Dominus. Sa voix reste charmante, même dans les vocalises qui relèvent d'une gymnastique vocale périlleuse. Le ton est solaire, puis laisse place à une mélancolie délectable, notamment lors du fameux « Cum dederit », pris à un tempo relativement lent. Ce choix rend l'interprétation d'autant plus magique : les phrasés, legati et crescendi sont cristallins. Le public est suspendu dans cette éternité sacrée, respirant pour le contre-ténor. Bien que la tradition (de n'applaudir qu'à la fin de la cantate) soit respectée, l'admiration se fait palpable dans l'audience, et ce jusqu'à la dernière note. Les musiciens et Mead sont vivement applaudis, certains spectateurs se lèvent et lancent des bravi, demandent un bis qu'ils n'obtiendront malheureusement pas.
Tim Mead (© Benjamin Ealovega)
Qu'ils se réjouissent, Tim Mead fera partie de la distribution exceptionnelle de Jephtha de Haendel en janvier 2018 à Garnier aux côtés de Marie-Nicole Lemieux, Ian Bostridge, Katherine Watson, Philippe Sly et Valer Barna-Sabadus. Ils seront sous la baguette de William Christie dans une mise en scène de Claus Guth. (réservez vos places ici). Quant à Thibault Noally et Les Accents, ils seront au programme des concerts Philippe Maillard, accompagnant Blandine Staskiewicz puis Vivica Genaux pour des soirées baroques autour de Haendel et Scarlatti. Le public pourra également les retrouver au Festival de Beaune en juillet pour une recréation de Mitridate de Scarlatti, avec Anthea Pichanick dans le rôle-titre.