Dix grands psychopathes à l’opéra (4/10) - Salomé
Salomé : La perversion du désir
Lise Lindstrom effectue la danse des Sept Voiles de Salomé en 2012 à San Diego © Ken Howard
En 1905, Richard Strauss présente Salomé à l’Opéra de Dresde. Sur un livret de Hedwig Lachmann, cette œuvre dédiée à l’une des figures marquantes de l’Evangile selon Saint Matthieu, est inspirée du roman du même nom d’Oscar Wilde, publié en 1892, lui-même tiré d’Hérodias des Trois Contes de Gustave Flaubert. Comme Oscar Wilde, Strauss adopte une certaine liberté en s’éloignant des textes saints. Dans ce sombre opéra en un acte, le compositeur exprime le crescendo des désirs qui conduit à l’ultimatum de la mort.
A Tibérias, Galilée, au début de l’ère chrétienne, la belle princesse Salomé s’ennuie au banquet que donne son beau-père, le roi Hérode qui lui jette des regards lubriques. Elle s’échappe sur la terrasse d’où elle entend soudain la voix puissante et menaçante du prophète Jochanaan (Jean-Baptiste), captif du souverain qui annonce la venue imminente du Messie. Ignorant délibérément l’interdiction d’Hérode de l’approcher, la vénéneuse Salomé parvient non seulement à rencontrer le prophète, mais réussit également à le faire libérer en séduisant le garde du corps. Malgré les insultes et les imprécations de Jochanaan à l’encontre de sa mère et de son beau-père, Salomé est hypnotisée et saisie d’un brûlant désir. Sans aucune retenue, elle lui avoue donc sa flamme en tentant de le toucher et de l’embrasser.
Mais cela ne plaît guère au pieux et chaste Jochanaan qui la repousse et l’injurie sans manquer de la maudire à son tour. Au passage, le garde du corps, fou d’amour pour Salomé et dévasté de la voir éprise d’un autre, se suicide d’un coup de poignard. Peu importe à l’aguicheuse Salomé qui, blessée dans son orgueil, propose à un Hérode envoûté, un naïf et vicieux chantage : elle accepte de danser et de se dévêtir pour lui si, en retour, il lui livre la tête de Jochanaan sur un plateau d’argent. Férocement opposé à cette idée, le concupiscent Hérode offre alors au sujet de ses fantasmes, toutes les richesses de son royaume. Mais rien n’y fait, Salomé est résolue et obstinée. Désarmé, Hérode n’a donc d’autres choix que d’accéder aux désirs de sa dangereuse belle-fille. Béate et hystérique, elle obtient alors la tête ensanglantée de Jochanaan qu’elle embrasse à pleine bouche, jouissant de toute sa perversion. Finalement, Hérode, choqué par tant d’obscénité, ordonne l’exécution de Salomé que des soldats écrasent sous leurs boucliers.
Si à l’époque où Strauss crée Salomé l’orientalisme est à la mode, son opéra mêlant luxure et sang, est retiré de la scène pour causes morales et religieuses. L’œuvre se retrouve alors censurée et ne pourra être jouée à nouveau qu’à partir de 1918.
Ecoutez Nadja Michael en Salomé, à La Scala de Milan (2007)
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