L’amour dans tous ses états gravé avec Lea Desandre et Thomas Dunford
Idylle – substantif féminin : 1. Petit poème à sujet pastoral et amoureux 2. Aventure amoureuse naïve et tendre.
C’est par cette double définition que Lea Desandre et Thomas Dunford ont choisi d’introduire le livret d’accompagnement de leur nouvel album. Les deux sens du mot seront bel et bien développés tout au long des vingt-deux morceaux. Les pièces baroques de Marc-Antoine Charpentier et Michel Lambert en occupent la part la plus importante, entrecoupées de surprises musicales, comme autant de bonds dans le temps pour compléter ce tour d’horizon, non exhaustif bien sûr (le sujet serait trop vaste). L’amour est présenté dans tous ses états, sur tous les tons, triste, joyeux, langoureux ou facétieux, captés dans la belle acoustique boisée du Théâtre populaire romand de la Chaux-de-Fonds.
Un soin particulier est porté aux textes, rendus limpides par la diction modèle de Lea Desandre. Aucun mot ne semble laissé au hasard. La chanteuse varie les intonations, les attaques de notes, les couleurs de timbre, tantôt affinées avec un léger voile cristallin, tantôt creusées vers les graves en voix de poitrine ardente. Son interprétation est toujours habitée, campée dans un personnage et une histoire. Enfin, elle passe sans difficulté du registre lyrique à la chanson de variété, atténuant son vibrato pour se rapprocher davantage de la voix naturelle mais tout en déployant la chaleur de son mezzo-soprano velouté et lumineux.
Une plasticité sonore au moins égale se retrouve dans le luth de Thomas Dunford. S’il déploie un accompagnement perlé mélodieux sur les morceaux baroques, il sait aussi imiter un son de guitare sec et pincé sur les chansons modernes. Ses transpositions des pièces d’Erik Satie (la Gnossienne No. 1 et la Gymnopédie No. 1) n'ont certes pas la rectitude des accords plaqués du piano, mais elles ne sont pas sans évoquer l’Espagne baroque par leurs accents mélancoliques. Enfin, le luthiste est mis à contribution vocalement sur la dernière reprise du refrain du Temps de l’amour de Françoise Hardy. La complicité entre les deux interprètes n’est plus à démontrer.
Quoi de plus approprié que de finir le voyage par la prière de La Belle Hélène d’Offenbach ? « Il nous faut de l’amour, n’en fût-il plus au monde ! », dans une version intimiste qui révèle tout le raffinement des phrasés épanchés. Un enregistrement qui aura de quoi ravir les amoureux de la chanson française, à travers les âges.