Voces Suaves : de l’Enfer aux harmonies célestes
Au milieu du chemin de notre vie
Le Centre culturel de rencontre des Dominicains de Haute-Alsace aime mêler œuvres anciennes et création contemporaine. Pour ce concert sans public et enregistré par Arte Concert, l’institution crée un environnement visuel, un mapping, pour accompagner avec finesse les œuvres Renaissance interprétées par l’ensemble Voces Suaves. Celui-ci propose à son public de téléspectateurs un programme partant des profondeurs de l’Enfer et s'élevant jusqu’aux célestes hauteurs du Paradis, en passant par le Purgatoire, au rythme de quelques extraits lus en italien (et sous-titrés en allemand) de la célèbre Divine Comédie de Dante Alighieri.
Le travail d’équilibre entre les projections animées et l’identité de l’ensemble vocal est patent : le résultat reste toujours sobre, coloré avec discrétion et finesse sans jamais prendre le dessus sur les harmonies, si riches et subtiles dans ce répertoire du début du XVIIe siècle. Parfois introduits ou accompagnés de l’orgue ou du luth, les chanteurs font sans cesse s’entremêler ces couleurs harmoniques. Fier de leur identité d’ensemble sans direction musicale, chaque individualité jouit de l’autonomie de sa partie, valorisant les méandres des discours mélodiques et les beautés des timbres, ronds et chaleureux ou tendres et clairs, au détriment toutefois de l'homogénéité d’ensemble. Bien que les grandes lignes restent communes, les subtilités des intentions de chacun empêchent d’apprécier une véritable direction homogène, malgré les nombreux regards attentifs. Même certaines attaques manquent de précision.
Ce manque de précision et de direction pose bien moins de problème toutefois pour la seule œuvre contemporaine du programme, Io sono amore angelico de Joanne Metcalf (né en 1958), dont les dissonances forment de belles harmonies qui, malheureusement, requièrent une parfaite intonation pour véritablement élever jusqu’au céleste. Ce manque de justesse, particulièrement dans les voix basses et intermédiaires, empêche d’apprécier pleinement la beauté de plusieurs pièces, comme Padre del cielo de Luca Marenzio (1553-1599).
L'auditeur ne manque toutefois pas de savourer le duo Vergine madre, figlia del tuo figlio de Claudio Merulo (1533-1604) et le final en tutti du Sanctus extrait de la Missa « In illo tempore » de Claudio Monteverdi (1567-1643), appréciant également les interventions du luthiste Orì Harmelin et de l’organiste Aki Noda-Meurice, au toucher tendre bien qu’un peu scolaire, ainsi que les lectures claires et sobres de la basse Davide Benetti.