Le directeur du Met répond à Donald Trump
Samedi dernier, le directeur du Met disposait d'une occasion exceptionnelle pour promouvoir sa saison 2017/2018 (notre article détaillé, publié le soir même est à retrouver ici) : lors de l'entracte d'I puritani de Bellini, pendant sa radiodiffusion à travers 500 stations dans 46 États (nous avions rendu hommage à la grande voix de cette institution qu'est la Met Radio). Toutefois, la politique de Donald Trump paraît à ce point dangereuse que Peter Gelb a commencé son intervention en dénonçant les coupes franches programmées par le nouveau président américain. En effet, Trump prévoie purement et simplement de supprimer la Corporation for Public Broadcasting (Société de diffusion publique), soit les télévisions et radios publiques, mais aussi le National Endowments for the Arts (Fonds national pour les arts) qui finance des compagnies, des musées et même l'insertion des publics en difficulté dans le monde culturel, à travers le pays.
Peter Gelb a ainsi déclaré :
« Je pense qu'il est très important que le public soit informé sur cette véritable possibilité que disparaissent les arts à la radio, à la télévision et même en général si ces coupes sont exécutées. »
Une telle décision budgétaire serait l'aboutissement d'une logique libérale dans un pays où les fonds publics sont déjà négligeables. Les partisans de la mesure arguent que les sommes allouées sont symboliques et que la subvention entraîne une influence du politique sur l'art. Si les sommes allouées représentent en effet moins du dixième d'un pourcent pour une institution comme le Metropolitan Opera, elles permettent toutefois des opérations de diffusion et de démocratisation. Les acteurs du monde de la culture rappellent ainsi le rôle social de l'ouverture artistique et même sa rentabilité économique. Au point que des responsables de tous bords et même certains membres de la garde rapprochée de Trump ont déjà annoncé qu'ils feraient tout pour empêcher ces mesures.
D'autres institutions musicales américaines majeures mettent en garde avec la même véhémence contre cet abandon programmé du soutien culturel. Marie-Hélène Bernard, présidente du Saint Louis Symphony a fait état d'une lettre de son orchestre, exhortant les membres de son Conseil d'administration à contacter leurs élus en soulignant l'importance de la politique culturelle. Andrew Kipe, directeur exécutif à l'Orchestre de Louisville dans le Kentucky (qui se remet tout juste d'une banqueroute) a pour sa part annoncé que son ensemble participera à la marche vers Washington (lieu du pouvoir politique aux États-Unis) organisée par le réseau culturel Americans for the Arts.
L'administration Trump souhaite baisser les subventions destinées à la culture et aux services publics, notamment afin d'augmenter le budget militaire. Un sentiment de déjà-vu pour les responsables culturels, qui disent revivre l'ère Reagan de la Guerre Froide.
Siège du National Endowments for the Arts à Washington DC