Opéra Amsterdam 2017/2018 : point d'orgue pour Pierre Audi
Si le Metropolitan Opéra de New York a annulé La force du destin la saison prochaine (retrouvez ici la présentation 2017/2018 du Met), l'œuvre de Verdi ouvrira la saison de l'Opéra national des Pays-Bas le 9 septembre dans une mise en scène de Christof Loy avec notamment Eva-Maria Westbroek en Leonora. Trois jours plus tard, le traditionnel Gala mettra à l'honneur le Ballet de l'institution. Ce sera exactement un mois avant un événement baroque : la reprise de l'Eliogabalo produit en ouverture de cette saison à Paris (retrouvez ici notre compte-rendu) avec le contre-ténor Franco Fagioli dans le rôle-titre (redécouvrez son interview) dirigé par Leonardo García Alarcón dans la mise en scène de Thomas Jolly.
Nous dédions en ce moment une série d'Airs du Jour aux opéras d'une heure (ou beaucoup moins), qui sont souvent couplés ensemble pour remplir une soirée. Traditionnellement, sont ainsi associés Cavalleria Rusticana de Mascagni et Pagliacci de Leoncavallo. L'Opéra de Paris avait innové en mariant Cavalleria avec Sancta Susanna d'Hindemith pour leur complémentarité (notre compte-rendu est ici). L'Opéra d'Amsterdam proposera pour sa part une union des contraires avec le thriller Une tragédie florentine d'Alexander Von Zemlinsky et la comédie Gianni Schicchi de Puccini, deux opus néanmoins unis par l'opposition entre l'argent et l'amour. Puis, Puccini encore avec La Bohème chantée par Eleonora Buratto (réservez ici pour l'entendre cet été à Aix-en-Provence dans Don Giovanni). Deux autres opéras courts, par deux chefs d'orchestre-compositeurs, seront ensuite mis en scène par Ted Huffman : Trouble in Tahiti de Bernstein (connu pour West Side Story) et Clemency de James MacMillan pour quatre chanteurs, une chanteuse et un ensemble chambriste de cordes.
Pierre Audi (© Erwin Olaf)
Pierre Audi fera de beaux adieux à cette maison, ouvrant l'année 2018 par sa nouvelle mise en scène de Tristan et Isolde (Wagner), déjà appréciée au Théâtre des Champs-Elysées (lire notre compte-rendu) et Rome. Enfin, pour sa dernière mise en scène néerlandaise, Pierre Audi a justement choisi une œuvre en forme d'aboutissement : La morte d'Orfeo, composée par Stefano Landi en 1619 et poursuivant le mythe d'Orphée là où l'avait laissé le premier chef-d'œuvre de l'Opéra composé par Monteverdi 12 ans plus tôt.
Tristan et Isolde au TCE par Pierre Audi (© Vincent Pontet)
The Rake's Progress d'Igor Stravinsky a décidément le vent en poupe. Il a ainsi été donné cette saison à travers la France (retrouvez notre compte-rendu de sa production à Caen), mais aussi en Allemagne, au Luxembourg et jusqu'à Boston. La mise en scène par Simon McBurney de cette carrière libertine sera produite cet été à Aix-en-Provence (vos places sont ici), avant de voyager chez nos voisins hollandais en février 2018. L'opéra de Stravinsky fait désormais partie du répertoire, sa musique et son thème ne choquent plus les âmes sensibles, ce qui n'est pas le cas concernant le travail de Romeo Castellucci. D'autant que le metteur en scène a trouvé une production à sa mesure avec Das Floss der Medusa, opéra d'Hans Werner Henze basé sur Le radeau de la méduse par le peintre Géricault. La création de l'opus causa un tel scandale en 1968 que la police dut intervenir pendant la représentation. La volonté remarquable de programmer de la musique contemporaine sera également illustrée par les représentations de Lessons in Love and Violence, opéra de George Benjamin (né en 1960), dans la foulée du succès de son Written on Skin in loco en 2012. Autre metteur en scène parmi les plus en vue du monde théâtral, Peter Sellars réinterprétera La Clémence de Titus mozartienne dans l'après attentats de Paris et Bruxelles.
Roméo Castellucci (© Elena bauer)
Carlo Rizzi (interviewé par nos soins) avait dirigé le premier Cavalleria Rusticana/Sancta Susanna à Bastille le 28 novembre dernier, le lendemain de la dernière représentation des Contes d'Hoffmann. Il dirigera cet opéra d'Offenbach pour Amsterdam jusqu'au 2 juillet 2018 (avec, comme à Paris, l'Antonia d'Ermonela Jaho, Spalanzani de Rodolphe Briand ainsi que Luther et Crespel de Paul Gay). L'opéra s'ouvrira également à tous les publics, avec Little Dog’s Heart, les aventures du chien Sharik sur un cargo flamand, composé par le duo hollando-allemand Oene Van Geel et Florian Magnus Maier. Notons enfin la reprise d'une création mondiale et originale de 2014 : la version théâtrale des Gurre-Lieder, pièce pour voix et orchestre de Schoenberg.
Une saison prometteuse donc, notamment pour les prochaines années du Festival d'Aix-en-Provence.