Le Met dévoile sa saison 2017/2018
Même si le Québécois Yannick Nézet-Séguin n'est pas encore directeur musical du Met (il ne le sera officiellement qu'en 2020), l'Opéra de New York met déjà à l'honneur les compositeurs et les artistes français. La saison 2017/2018 offrira ainsi avec une nouvelle production du Cendrillon de Massenet, mis en scène par Laurent Pelly. Laurent Naouri interprétera Pandolfe, le père de Cendrillon (Joyce DiDonato). C'est ensuite l'opéra Thaïs du même compositeur qui sera donné, avec Jean-Francois Borras en Nicias et Ailyn Pérez dans le rôle-titre. Les Contes d'Hofmmann, opéra en français d'Offenbach, le plus français des compositeurs allemands ont été appréciés cette saison à l'Opéra de Paris (notre compte-rendu est ici et la Master-Class qu'y a dédiée Philippe Jordan est là), le personnage principal sera incarné sur les planches du Met par Vittorio Grigolo avec Erin Morley en Olympia et Anita Hartig en Antonia/Stella. Enfin, en ce qui concerne les œuvres de l'Hexagone, la production de gala du 1er janvier 2017 sera reprise en avril-mai : le Roméo et Juliette de Gounod, dirigé par Plácido Domingo avec Bryan Hymel et Ailyn Pérez dans les rôles-titres, ainsi que Karine Deshayes en Stéphano.
Joyce DiDonato (© Simon Pauly)
Mozart sera également à l'honneur dans une nouvelle mise en scène en co-production avec l'English National Opera : Cosi fan tutte par Phelim McDermott, sous la baguette de David Robertson et avec Ben Bliss dans le rôle de Ferrando. Toujours concernant Mozart, Ildar Abdrazakov sera le rôle-titre des Noces de Figaro aux côtés de Nadine Sierra qui interprétera Susanna. Golda Schultz incarnera quant à elle la princesse Pamina dans La Flûte enchantée dirigée par James Levine.
Sonya Yoncheva (© Gregor Hohenberg/Sony Music Entertainment)
La troisième production nouvelle sera une création Américaine puisqu'il s'agit d'une commande passée par le Festival de Salzbourg en 2016 : L'Ange exterminateur (The Exterminating Angel) du chef d’orchestre, pianiste et compositeur britannique Thomas Adès. Basée sur le film éponyme de Luis Buñuel, cette production a reçu un très bon accueil lors de sa création mondiale dans la ville de Mozart en juillet dernier et sera donnée en avril au Royal Opera House de Londres. La mise en scène est signée Tom Cairns.
Jonas Kaufmann (© Julian Hargreaves / Sony Classical)
Les deux autres nouvelles mises en scène seront signées David McVicar. La Norma de Bellini ouvrira le 25 septembre. Dans le rôle de Norma, alterneront Sondra Radvanovsky, Angela Meade (appréciée dans Ermione à Lyon et au TCE) et Marina Rebeka ; dans le rôle d'Adalgisa : Joyce DiDonato et Jamie Barton. Pour le réveillon du Nouvel An, David McVicar offrira une nouvelle vision de la Tosca de Puccini avec une distribution marquée par une double prise de rôle historique : Sonya Yoncheva puis Anna Netrebko prendront le rôle de Tosca. Elles devaient être aux côtés de Jonas Kaufmann en Cavaradossi (puis Marcelo Alvarez), mais hélas le ténor a annulé sa participation quelques jours après l'annonce de saison (il est remplacé par Vittorio Grigolo, qui effectuera sa prise de rôle). Bryn Terfel, anobli récemment, endossera une nouvelle fois le rôle ignoble de Scarpia (un rôle de composition qu'il maîtrise à la perfection, comme nous vous en rendions compte ici pour l'ouverture de saison à Bastille). Le Met balayera d'ailleurs largement le catalogue de Puccini, offrant des reprises de La Bohème (avec Sonya Yoncheva en Mimi et notamment Jean-François Borras en Rodolfo), Madama Butterfly avec Hui He puis Ermonela Jaho ainsi que Turandot dirigé par Carlo Rizzi, Oksana Dyka alternant avec Martina Serafin dans le rôle-titre et Marcelo Álvarez incarnant Calaf.
Anna Netrebko (© Acosta Dario)
Son compatriote italien Verdi ne sera pas en reste avec deux productions conduites par James Levine : Il Trovatore mettra en vedette Anita Rachvelishvili (Azucena), tandis que Sonya Yoncheva sera à l'affiche de Luisa Miller (aux côtés de Piotr Beczala en Rodolfo, Placido Domingo en Miller et Olesya Petrova en Duchesse Federica).
Pretty Yende (© Kim Fox)
Pour conclure avec nos amis italiens, deux opéras de Donizetti seront repris : Lucia di Lammermoor avec la Lucia d'Olga Peretyatko et celle de Jessica Pratt qui auront fort à faire puisque Pretty Yende reprendra ce rôle dans lequel elle a triomphé à Paris (retrouvez ici notre compte-rendu). Pretty Yende que nous retrouverons en plus dans l'autre Donizetti : l'Élixir d'amour avec le Nemorino de Matthew Polenzani et le Dulcamara d'Ildebrando D'Arcangelo. Angela Meade reviendra, en Semiramide de Rossini dirigé par Michele Mariotti avec l'Assur d'Ildar Abdrazakov. Enfin, si Cavalleria Rusticana de Mascagni a exceptionnellement été marié avec Sancta Susanna d'Hindemith cette saison à Paris (compte-rendu ici), l'opéra vériste italien d'une heure retrouvera son indéfectible allié avec lequel il est toujours associé : Pagliacci de Leoncavallo incarné par nul autre que le couple Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak.
Aleksandra Kurzak (Adina) et Roberto Alagna (Nemorino) dans L'Elixir d'Amour mis en scène par Laurent Pelly à l'Opéra de Paris, du 2 au 25 novembre 2015 (© Vincent Pontet)
Une sixième production originale était prévue, mais, pour des raisons budgétaires, la direction du Met a décidé le mois dernier d'annuler La force du destin mise en scène par Calixto Bieito avec Sondra Radvanovsky en Leonora, Aleksandrs Antonenko en Don Alvaro et un Don Carlo qui restait à caster suite à l'indisponibilité de Dmitri Hvorostovsky (retrouvez ici l'annonce de l'interruption de sa carrière scénique). L'opéra sera remplacé par quatre concerts du Requiem de Verdi dirigés par James Levine avec Krassimira Stoyanova, Ekaterina Semenchuk, Aleksandrs Antonenko et Ferruccio Furlanetto. Cette décision est très surprenante : le Met connaît certes des difficultés financières (les derniers chiffres faisaient état de 22 millions de dollars de déficit en 2013/2014 sur un budget de 300 millions) mais, selon les propres dires du directeur Peter Gelb, cette annulation permettra d'économiser 1 million de dollars (à comparer au manque à gagner qu'entraîne une suppression pure et simple). De nombreux médias se sont ainsi demandés si les raisons étaient effectivement économique, ou bien si l'opéra voulait éviter les controverses autour de Calixto Bieito (qui nous a accordé une interview, à ce lien), metteur en scène Catalan iconoclaste à l'esthétique rude et charnelle. Vous pouvez réserver (en cliquant ici) pour juger par vous-même sa mise en scène de Carmen à Paris dès le mois prochain, dont voici un extrait vidéo :
Le Met proposera également une carte d'Allemagne des grands compositeurs nés au XIXe siècle avec Richard Wagner (né à l'Est, Leipzig), Richard Strauss (né au Sud, à Munich), Engelbert Humperdinck (né à l'Ouest, à Siegburg), mais aussi Franz Lehár né dans l'Empire Austro-Hongrois, aujourd'hui Slovaque. Comme à Paris, Parsifal de Wagner sera donné avec Evgeny Nikitin en Klingsor et Peter Mattei dans le rôle d'Amfortas, mais Kundry sera interprété par Evelyn Herlitzius (grande Wagnérienne, appréciée notamment dans notre compte-rendu de Lohengrin avec Jonas Kaufmann) sous la baguette du montréalais Yannick Nézet-Séguin, successeur de James Levine. Autre opéra qui fera le voyage entre Paris et New York : La Veuve joyeuse de Lehar avec Susan Graham en Hanna, David Portillo et Taylor Stayton en Camille et Thomas Allen en Baron. Autre opéra dirigé par Yannick Nézet-Séguin : Elektra de Richard Strauss dans la mise en scène légendaire de Patrice Chéreau. Enfin, les spectateurs retrouveront leur âme d'enfant avec Hansel et Gretel.