Concours International de chant lyrique Sumi Jo : la Finale
Le Château de La Ferté-Imbault, illustre monument de briques sur une motte de Sologne, auguste et imposante forteresse médiévale rebâtie durant la Renaissance devient ainsi une place forte lyrique en accueillant cette nouvelle initiative, riche en événements musicaux une semaine durant.
Le baryton chinois de 22 ans, Zihao Li, grave son nom au sommet du premier palmarès (et décroche les 50.000 € du premier prix) grâce à ses choix ambitieux de répertoire (Die tote Stadt et The Ghosts of Versailles). Son émission vocale libre et sans effort, offre une qualité pleine et constante de nuances et de dynamique. La précision rythmique et dramatique est mise en valeur, dans les différents enjeux de ces deux morceaux, confirmant la maturité déjà bien en place de ce jeune artiste.
George Virban, ténor roumain de 30 ans, remporte le 2ème prix dôté de 20.000 €, avec The Rake's Progress de Stravinsky et Le Corsaire de Verdi. Son interprétation est très travaillée et rendue sans le moindre écueil, les deux morceaux offrant en outre des contrastes permettant de monter, par des élans vaillants, vers des aigus héroïques.
Kiup Lee, ténor coréen de 31 ans remporte le 3ème prix dôté de 10.000 € avec "Salut ! Demeure chaste et pure" et "Languir per una bella". Les deux langues sont livrées avec qualité, son ténor lyrique-léger monte vers des aigus brillants et assurés, mais la vocalisation la plus rapide est marquée par des "h" aspirés tenant lieu et place de la "simple" réarticulation des voyelles dans le style "bel canto".
Alexandre Baldo installe dans le répertoire lyrique en français et en italien, classique et romantique, une émission vocale très soignée avec un legato bien lisse. Il manque un peu de présence dans les graves, et le timbre pourra gagner en dessin (trop de "h" aspirés).
Junho Hwang, ténor coréen de 25 ans chante Samson de Händel et La Bohème avec une prononciation très claire et précise en anglais et en italien. Son exécution vocale est très nuancée, avec de grandes différences de dynamiques chargées d'émotions, le tout dans un format vocal de ténor lyrique-léger.
Marie Lombard, soprano française de 26 ans, se focalise sur l'italien (de Mozart et de Verdi), rayonnante d'énergie sur scène avec un soprano lyrique coloré surtout dans les haut-médium et les aigus. L'émission vocale manque parfois de présence dans les médium graves, surtout sur les voyelles trop fermées, avec un manque de résonance en raison du placement et donc de l'émission.
Elle reçoit le Prix spécial d'encouragement du jury ex-aequo avec sa compatriote et collègue soprano Juliette Tacchino, qui chante l'air de Norina de Donizetti et l'air d'Adelaide de Dove en assumant pleinement ces deux extraits plutôt extravertis mais déployant une moins large diversité d'expression dramatique et musicale. Sa voix, de noble type lyrique "soubrette" est centrée dans le médium et la communication au public, avant de monter en intensité et en hauteur avec quelques duretés et tensions.
Daria Lupu, soprano roumaine de 23 ans, passe d'une tendre héroïne à l'autre : de Pamina à Anne Trulove, offrant toutefois un contraste sur le plan de la vocalité lui permettant de montrer la riche palette de son soprano lyrique. Elle ne semble toutefois pas vraiment à l'aise sur le départ et dans le lien avec l'accompagnement au piano, l'émission vocale étant marquée de petites coupures dûes à la pression et à la tension physique. Mais elle parvient dans un second temps à sonner beaucoup plus librement, lui permettant aussi une expression théâtrale.
Ihor Mostovoi, baryton ukrainien de 30 ans, chante le catalogue de Leporello et "le Monologue de Khmelnytsky" extrait du Bohdan Khmelnytsky de Dankevytch. La dimension et l'émission, stables et affirmées de sa voix prend le pas sur la conviction de l'interprétation et se déploie vers des volumes qui entraînent quelques tensions maxillaires, en faisant bouger son vibrato.
Milan Perisic, baryton serbe de 31 ans, affirme lui aussi sa voix, avec clarté, pour Les Noces de Figaro de Mozart et Billy Budd de Britten. L'expression et le style Mozartien sont bien assimilés, quoique les triolets échappent un peu à sa précision. L'aigu affirme sa qualité, au risque d'abuser de la demi-teinte s'éloignant de son cœur résonnant et vibrant.
Lina Tsiklauri, soprano géorgienne de 28 ans offre elle aussi un programme mêlant rareté et grand répertoire : "The Trees on the Mountains" extrait de Susannah de Floyd et "Il dolce suono... Spargi d'amaro pianto" extrait de Lucia di Lammermoor de Donizetti. Sa voix de lyrique-colorature résonne avec équilibre, les couleurs et nuances souhaitées. La prononciation est standard, alors qu'elle devrait offrir un léger accent du Sud pour le premier morceau. Cela ne l'empêche toutefois pas de rendre les sentiments et émotions fortes du personnage, ainsi que de Lucia avec un italien très en place. Le chant est toutefois en léger décalage avec le piano et manque de dynamiques (raccourcissant et empêchant les vibrations de sa première montée aiguë).
Le public savoure la qualité de cette jeunesse musicale et de cet événement dans un lieu prestigieux.
Retrouvez également notre compte-rendu de la Master-Classe de Sumi Jo et du Concert de Gala des lauréats