Pour la Master-classe avant la Finale, Sumi Jo a invité deux jeunes chanteurs qui n'étaient pas sélectionnés pour le concours : une opportunité pour travailler des points à améliorer et l'occasion pour eux de glaner de précieuses recommandations et informations en vue de poursuivre leurs progrès techniques et leur évolution artistique.

Sumi Jo laisse d'abord Iver Khutsaidze, baryton-basse géorgien de 28 ans, interpréter en entier l'air du roi Philippe II "Ella giammai m'amò" (Don Carlo de Verdi) avant de cibler les éléments les plus importants à travailler. Elle apporte ses conseils en l'interrogeant sur le sentiment et la manière de ressentir physiquement le personnage, convaincant le chanteur d'essayer une approche plus intime. Elle l'invite également à être un peu moins raidi, lui permettant de s'assurer que le son ne parte pas "en arrière". Les effets s'en font ressentir avec un travail de détente corporelle et de naturel, mais aussi en donnant un peu plus d'ouverture à ses voyelles fermées pour que la voix rayonne et projette davantage, tout en apportant davantage d'homogénéité à la ligne de chant. Elle l'invite enfin à bien maintenir le soutien des fins des phrases pour garder l'intensité ainsi que la justesse, lui demandant en outre de réciter le texte et d'en conserver les qualités dans le chant. 

La très jeune soprano française (de 16 ans) Gersende Martin-Haasz (qui a participé à l'émission de télé-crochet The Voice Kids) présente l'Ave Maria en version italienne de Franz Schubert, prenant parfois des respirations au milieu de mots ou manquant de soutien avant la fin des phrases. Interrogée par Sumi Jo sur son envie d'opéra, la jeune chanteuse met en avant sa curiosité, après avoir abordé différents styles musicaux. L'artiste capée demande alors d'entendre d'autres choses, même a cappella, et reçoit ainsi un morceau de pop/comédie musicale à la communication beaucoup plus directe et naturelle, appréciée du public également. Mais cette comparaison stylistique permet aussi et justement à Sumi Jo d'aborder des enjeux lyriques, notamment sur le soutien et la plus grande prise de respiration avec le nez (et beaucoup moins avec la bouche). Elle lui fait faire des exercices de vocalises sur la voyelle "i" en expliquant le legato et le staccato (en l'alternance de lié et de piqué), menant Gersende Martin-Haasz à vocaliser jusqu'au contre-ut sans problème (quoiqu'en étant très surprise elle-même). Sumi Jo joint alors le tout, lui demandant de recommencer l'Ave Maria, en vocalisant sur le "i", ce qui permet à la jeune voix d'accomplir les phrases sans problème de souffle ou de soutien. Le texte et le son s'en voient également améliorés, et toutes les phrases assurées. Sumi Jo demande alors de nouveau quelques vocalises et la jeune chanteuse monte... jusqu'au contre-mi, très heureuse de ces aigus et d'avoir ainsi profité de ses moments avec Sumi Jo.

La célèbre chanteuse d'opéra, pendant ces deux sessions de travail de Master-classe, n'était plus dans un rôle de Diva mais comme une grande sœur qui donne des conseils pour avancer sur les chemins de la voix, de l'interprétation, de la musique : comme autant de belles rencontres.

   Retrouvez également notre compte-rendu de la Finale et du Concert de Gala des lauréats