L'Opéra Comique célèbre son répertoire en 2023/2024
L'Opéra Comique reprend un calendrier traditionnel de saisons (après avoir expérimenté un programme allant de janvier à décembre) et Louis Langrée nommé Directeur de l'Opéra Comique en novembre 2021 peut ainsi annoncer sa première saison complète, axée sur les répertoires, mettant en avant trois valeurs et trois initiatives : "originalité, création, transmission" avec la Maîtrise Populaire, une nouvelle Académie, et de nombreux débuts (le tout pour réunir siècles, goûts et publics). Afin de stabiliser son budget (qui est à l'équilibre en 2022 et devrait l'être en 2023, à 23 M€, soit un 1 M€ de plus que l'an dernier) dans le contexte d'inflation actuel, l'institution augmentera le prix de ses places des catégories A, B et C de 10% (les autres catégories n'étant pas impactées).
Depuis 2017, l'Opéra Comique a une "Nouvelle Troupe Favart" (plutôt une fidélisation d'artistes connus engagés régulièrement dans les productions) et la maison se dote désormais d'une "Académie" en bonne et due forme, faite pour former au répertoire emblématique du lieu : 2 chefs d’orchestre, 2 pianistes-chefs de chant, 1 chef de chœur, 2 metteurs en scène et 5 chanteurs (hommes ou femmes évidemment). La maison annonce également un programme Passerelle de transition entre cette Académie et l'emblématique Maîtrise Populaire des lieux (fondée en 2016) : un maîtrisien pourra ainsi "bénéficier des enseignements de l’académie et prendre part à certains de ses projets artistiques."
Depuis plus de trois siècles, l'Opéra Comique entretient son répertoire emblématique et homonyme alliant chant et théâtre, un genre qui se poursuit et fit particulièrement florès au XIXe siècle. La saison prochaine s'ouvrira ainsi en septembre/octobre sur un opus ayant triomphé en son temps et qui revient lentement sur les scènes (notamment avec le travail du (Palazzetto Bru Zane) : La Fille de Madame Angot de Charles Lecocq sera mise en scène par Richard Brunel, en coproduction avec l'Opéra de Lyon (qu'il dirige), ainsi que Nice et Avignon. D'ailleurs, dans l'esprit de répertoire et de modernité, le travail du metteur en scène visera la "portée éminemment actuelle de cette bouillonnante fresque sociale, où se dessine le portrait d’une jeunesse combative, éprise de vérité et de liberté." Après la scène du Théâtre des Champs-Élysées et l'enregistrement à La Seine Musicale en temps de Covid, c'est cette fois Hervé Niquet qui dirigera pour ses débuts comme chef dans la maison (avec un artiste de l’académie en assistant) son Chœur du Concert Spirituel et l'Orchestre de chambre de Paris. Le rôle-titre de Clairette Angot est confié à Hélène Guilmette, Véronique Gens retrouvera Mademoiselle Lange, Matthieu Lécroart celui de Larivaudière, Pierre Derhet et Julien Behr seront Pomponnet et Ange Pitou, tandis qu'un soliste de l’académie incarnera Amarante / Babette / Javotte.
La seconde production de la saison est une seconde chance donnée à Macbeth Underworld composé par Pascal Dusapin et dans la mise en scène de Thomas Jolly qui avait pu être créé en 2019 à La Monnaie de Bruxelles (notre compte-rendu) mais n'avait pas pu se présenter dans la foulée Salle Favart (Covid toujours). Ce doit être chose faite en novembre 2023 (en espérant qu'il puisse aussi se rendre à Rouen), avec une distribution entièrement renouvelée (hormis Graham Clark dans le bien-nommé rôle du Portier) : Katarina Bradić et Jean-Sébastien Bou (incarnant le couple Macbeth), Maria Carla Pino Cury, Mélanie Boisvert et Melissa Zgouridi (en "weird sisters"), le fantôme Hiroshi Matsui, un enfant de la Maîtrise Populaire, l'Orchestre de l’Opéra national de Lyon et le Chœur accentus, sous la baguette de Franck Ollu.
Juste après cette reprise d'une mise en scène de Thomas Jolly annulée une fois par le Covid viendra... la reprise précédemment annulée par le Covid d'une mise en scène signée Thomas Jolly pour l'Opéra Comique. Fantasio d'Offenbach dont il s'agit avait initialement été dévoilé au Châtelet car la salle Favart était en travaux et c'est là qu'elle viendra sous la baguette de Laurent Campellone avec Gaëlle Arquez dans le rôle-titre, aux côtés d'autres habitués des lieux : Jodie Devos (Princesse Elsbeth), Franck Leguérinel (Roi de Bavière), Jean-Sébastien Bou (Prince de Mantoue), François Rougier (Marinoni), Anna Reinhold (Flamel), Thomas Dolié (Sparck), Yoann Le Lan (Max), Virgile Frannais (Hartmann), Bruno Bayeux (Rutten / le Tailleur / le Garde suisse) avec l'Orchestre de chambre de Paris et le Chœur Aedes.
Après ce spectacle de fin d'année 2023, le mois le plus court de l'année sera consacré à un projet de l'Ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon, mis en scène par Silvia Costa , donc une réimagination d'un morceau du répertoire. Il s'agira en l'occurrence du Voyage d'hiver de Schubert, mais vécu par un médecin légiste recevant un corps qui se trouve être le sien : "Il s’engage alors dans une dissection morale et émotionnelle qui le confronte à ses souvenirs, à la mort et à l’oubli." Stéphane Degout (qui donnera également évidemment un récital Schubert, avec le pianiste Alain Planès, ainsi qu'une masterclasse à l'Académie) incarnera "l’homme, celui qui ne parle pas", Siobhan Stagg "l’amour, la voix qui appelle", Laurence Kilsby "l’amitié, la voix qui guide", avec la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique.
En mars, Favart repart avec un diptyque. Le TCE vient d'associer Stravinsky avec Poulenc (dans un diptyque Le Rossignol et Les Mamelles de Tirésias), l'Opéra Comique l'associera avec Ravel. Guillaume Gallienne mettra ainsi en scène Pulcinella et L'Heure espagnole, le Directeur maison Louis Langrée prenant la baguette pour conduire d'ailleurs l'Orchestre des Champs-Elysées, avec trois chanteurs de l’académie maison et six danseurs dans l'un, et Stéphanie d'Oustrac (Concepción), Philippe Talbot (Torquemada), Benoît Rameau (Gonzalve), Jean-Sébastien Bou (Ramiro) et Jean Teitgen (Don Iiñigo Gomez) dans l'autre.
Louis Langrée qui dirigera aussi un concert Voyage au pays de Maurice Ravel réunissant entre autres Ma Mère l’Oye, Chansons madécasses, Cinq mélodies populaires grecques, avec l'Académie et la Maîtrise maison ainsi que l'Orchestre de chambre de Paris.
L'avant dernier opus de la saison lyrique alliera création et jeunesse, l'Opéra Comique ayant passé commande pour sa Maîtrise Populaire d'une fiction lyrique à la célèbre compositrice d'opéras-jeunesse Isabelle Aboulker (qui indique qu'il s'agira de sa dernière grande œuvre). Pour le livret de cette œuvre nommée Archipel(s), le romancier Adrien Borne se base sur un travail en atelier avec les maîtrisiens qui seront dirigés avec Les Frivolités Parisiennes par Mathieu Romano dans une mise en scène de James Bonas.
La jeunesse aura également comme de tradition des concerts Mécanopéra spécialement destinés par les Académiciens aux enfants (avec commentaires et échanges). Tandis que les jeunes moins jeunes (les 18-25 ans, en lien avec les acteurs du champ social) seront invités à des "répétitions ouvertes et gratuites pour chaque spectacle !".
Enfin, retour au baroque, retour d'Armide. Il ne s'agira pas de celle de Gluck présentée en novembre dernier salle Favart car c'est celle de Lully qui viendra en juin 2024, mais avec une distribution quasiment identique puisqu'elle marquera le retour du chef Christophe Rousset avec ses Talens Lyriques, du chœur Les Éléments, et de la metteuse en scène Lilo Baur (qui inscrira sa mise en scène dans le décor de la production gluckienne). Edwin Crossley-Mercer incarnera même le même rôle d'Hidraot chez Lully que chez Gluck, idem pour Philippe Estèphe dans son double rôle Aronte / Ubalde, mais aussi pour Enguerrand de Hys en Artémidore / Chevalier Danois, tandis que Florie Valiquette qui reprendra ses rôles de Sidonie et Lucinde troquera celui de bergère pour celui de la Gloire, Apolline Raï-Westphal redevenant Phénice et cette fois Sagesse et Mélisse. Le rôle titre qui était incarné par Véronique Gens sera cette fois confié à Ambroisine Bré, avec Cyrille Dubois dans le rôle de Renaud (qui était confié pour Gluck à Ian Bostridge). Anas Séguin succèdera pour sa part à Anaïk Morel dans le rôle de La Haine.
L'Opéra Comique rythme également sa saison de récitals de saisons : récital d'automne, d'hiver, de printemps et d'été confiés à des artistes de l'Académie en piano-voix une heure durant dans le foyer.
La grande salle accueillera en outre le 8 octobre la Finale Nationale du Concours Voix Nouvelles avec l'Orchestre philharmonique de Nice dirigé par Chloé Dufresne.
Dans une mise en scène de Sophie Daneman, Lea Desandre, Thomas Dunford et l’Ensemble Jupiter chanteront des mélodies de Julie Andrews, "figure emblématique de rêves, de douceur et de poésie", chanteuse notamment connue pour Mary Poppins et La Mélodie du bonheur mais qui fit ses débuts sur scène en chantant "Je suis Titania la blonde", air de l'opéra Mignon d'Ambroise Thomas (qui fut évidemment créé à l'Opéra Comique).
La maison proposera également un week-end portes ouvertes et l'Opéra Comique annonce aussi qu'il fera plusieurs propositions opératiques au Musée d'Orsay (en résonance avec les collections du musée comme le fait une autre Académie, celle avec Royaumont).