La saison lyrique 2021/2022 de l’Opéra de Rouen Normandie s’ouvrira le 24 septembre avec une nouvelle production (initialement prévue mais annulée en juin dernier à l'Opéra du Rhin) du Trouvère de Verdi, placée sous la direction musicale de Pierre Bleuse, dans une mise en scène, une scénographie et des costumes signés Jean-Philippe Clarac-Olivier Deloeuil du collectif Le Lab. Invitée régulièrement au Théâtre des Arts, la compagnie a souhaité transposer l’action du Trouvère en 2050 dans la ville même de Rouen. Le baryton belge Lionel Lhote interprètera le rôle du Comte de Luna avec à ses côtés, Brigitta Kele (Léonore), Sylvie Brunet-Grupposo (Azucena), le jeune ténor russe Ivan Gyngazov (Manrico), Stefan Kocan (Ferrando), Alienor Feix (Inès) et Lancelot Lamotte (Ruiz). Cet ouvrage fera l’objet d’une diffusion en direct le 2 octobre à 18h sur une vingtaine d’écrans de la région, en salle ou en plein air. 

La partition originale de La Vie Parisienne de Jacques Offenbach (qu'Alexandre Dratwicki, Directeur artistique du Palazzetto Bru Zane qui est partenaire de cette production, juge supérieure à la version communément jouée) reprendra vie le temps de 5 représentations également, à partir du 7 novembre. Elle marquera les débuts comme metteur en scène d’opéra de Christian Lacroix, qui signera de surcroît décors et costumes. Romain Dumas dirigera l’Orchestre de l'Opéra et le Chœur accentus. La distribution réunie augure de fort réjouissantes soirées : Florie Valiquette (Gabrielle), Aude Extrémo (Metella), Flannan Obé (Gardefeu), Marc Mauillon (Bobinet), Eric Huchet (Le Brésilien, Gontran, Frick), Philippe Estèphe (Urbain, Alfred). Franck Leguérinel et Marion Grange débarqueront à Paris de leur lointaine baronnie suédoise, tandis qu’Elena Galitskaya sera Pauline, Louise Pingeot Clara, Marie Kalinine Bertha et Ingrid Perruche Madame de Quimper-Karadec. 

Sébastien Daucé et son Ensemble Correspondances feront renaître les 14 et 15 décembre dans le cadre d’une importante coproduction un drame baroque fort rare, créé à Londres en 1653, Cupid & Death sur une musique attribuée à Matthew Locke et Christopher Gibbons (avec un livret inspiré des fables d’Esope). Textes, musique, arts visuels, danses et fééries se mêleront dans ce divertissement de cour élisabéthaine que ressusciteront Lucile Richardot, Perrine Devillers, Lieselot de Wilde, Yannis François, Nicholas Merryweather, Antonin Rondepierre. 

Le traditionnel opéra participatif maison sera Rigoletto ou les Mystères du théâtre d’après l’ouvrage de Giuseppe Verdi et Victor Hugo, offert aux enfants en janvier 2022. Pour adapter cet opéra à un jeune public tout en restant fidèle à l’histoire originale, le metteur en scène Manuel Renga a opté pour une mise en abyme où une troupe donne une représentation de Rigoletto. D’une durée d’1h15, en français surtitré, elle révèlera au jeune public la machinerie théâtrale ou les techniques permettant de créer des illusions scéniques. Le matériel de chant sera comme d'habitude pour ces projets rendu disponible en amont afin que les enfants chantent les parties de chœur avec Emy Pegliasco/Jeanne Gérard alternant en Gilda, Florent Karrer/Ivan Thirion pour le rôle-titre, Diego Godoy Duc de Mantoue, Marion Lebègue Maddalena et Comtesse Ceprano (épouse du Comte d'Hugo Santos), Nathanaël Tavernier Sparafucile et Comte Monterone, Benoît-Joseph Meier en Borsa et Edwin Fardini en Marullo, le tout en suivant la baguette de Victor Jacob.

La fameuse production d’Iphigénie en Tauride de Gluck dans la mise en scène de Robert Carsen créée en 2006 à Chicago et reprise au Théâtre des Champs-Élysées en 2018 (notre compte-rendu), sera affichée le temps de trois représentations à compter du 25 février. Sous la direction musicale de Christophe Rousset, Karine Deshayes s’emparera pour la première fois du rôle d’Iphigénie avec Jérôme Boutillier en Oreste, Ben Bliss en Pylade, André Heyboer en Toas et Iryna Kyshliaruk dans le rôle de Diane. 

La très puissante mise en scène signée Calixto Bieito de Jenufa (Leos Janacek) viendra de l’Opéra de Stuttgart. Elle sera présentée pour trois représentations à compter du 26 avril sous la direction musicale du chef néerlandais Antony Hermus. La soprano galloise Natalya Romaniw chantera le rôle-titre, tandis que Christine Rice incarnera la terrible Kostelnicka, avec Kyle van Schoonhoven (Laca), Dovlet Nurgeldiyev (Steva), Catherine Wyn-Rogers (Starenka), Yoann Dubruque (Starek), Victor Sicard (le Maire du village), Aline Martin (son épouse), Séraphine Cotrez (Karolka), Lise Nougier (Pastuchyna), Yete Queiroz (Barena), Clara Guillon (Jano).

Pour clôturer la saison, la traditionnelle Flûte Enchantée de Mozart sera présentée le 10 juin pour 6 représentations menées par le Directeur musical de l’Opéra de Rouen, Ben Glassberg. Coproduit avec le Théâtre du Capitole de Toulouse, l’ouvrage sera confié aux bons soins du chorégraphe toulousain Pierre Rigal. Une belle distribution est réunie : Juan Francisco Gatell (Tamino), Fatma Said (Pamina), le talentueux récitaliste Benjamin Appl (Papageno), Nina Minasyan (La Reine de la Nuit), Nahuel di Pierro (Sarastro), Enguerrand de Hys (Monostatos), Sandrine Buendia (Papagena), Julie Martin du Theil, Alix Le Saux, Beth Taylor (les trois dames), Simon Shibambu, Kaëlig Boché (Hommes d'arme et Prêtres). Ben Glassberg dirigera également la Missa solemnis de Beethoven avec les forces maison, Hélène Carpentier, Karen Cargill, David Butt Philip, Christopher Purves.

L’Abrégé des Merveilles de Marco Polo composé par Arthur Lavandier sera donné en création mondiale sous la direction de Maxime Pascal avec Vincent Vantyghem en Marco Polo, Safir Behloul et Julie Mathevet (Père et Mère), le récitant Pierre Baux et "La Voix" de Léa Trommenschlager. Enfin, "Marie-Ève Signeyrole s’inspirera de la 7e Symphonie de Beethoven pour créer un spectacle humaniste autour de jeunes femmes migrantes" : Baby Doll.

Dans le cadre notamment d’une carte blanche au pianiste Alexandre Tharaud, en résidence à l’Opéra de Rouen, de très nombreux concerts seront proposés au public rouennais, soit au théâtre même avec l’Orchestre de l’Opéra, soit au sein de la Chapelle Corneille, dont un récital de mélodies françaises avec Sabine Devieilhe le 8 octobre. Les Vêpres de la Vierge de Claudio Monteverdi seront dirigées par Romain Louveau le 15 octobre dans une version Miroirs Étendus, la cantate Nisi Dominus de Vivaldi verra Le Poème Harmonique sous la baguette de Vincent Dumestre avec la mezzo-soprano Eva Zaïcik (le 2 décembre lors d'un concert gravé pour Alpha Classics, avec également Francisco Mañalich, Benoit-Joseph Meier, Virgile Ancely), une soirée À Sa Guitare réunira Philippe Jaroussky et Thibaut Garcia (19 et 20 janvier), Un Requiem allemand de Johannes Brahms par Les Siècles et l’Ensemble Aedes seront dirigés par Mathieu Romano le 3 mai. Les Musiciens de Saint-Julien dirigés de la flûte par François Lazarevitch entonneront les Odes de Purcell avec les contre-ténors Tim Mead et William Shelton, la soprano Emilie Rose Bry, le ténor Zachary Wilder et les basses Victor Sicard et Matthieu Heim.

À noter également une soirée insolite associant le 9 octobre le chef Hervé Niquet et l’Orchestre maison au comédien et chanteur, Denis d’Arcangelo, alias Madame Raymonde, dans ses savoureuses interprétations déjantées consacrées à la chanson réaliste française (mises en scène par Juliette).