L'Opéra Comique saison 2021 célèbre retour et résurrection
Les programmations des grandes maisons d'opéra étant pensées plusieurs années à l'avance, elles peuvent offrir des clins d'œil parfois aussi involontaires qu'heureux à de mauvaises surprises. C'est ainsi le cas pour l'année 2021 à l'Opéra Comique qui devra assurément composer selon l'évolution de la réalité sanitaire mais qui promet déjà de fêter le retour à la vie musicale (parcourant, comme de coutume en ces lieux, le répertoire du baroque au contemporain, de classiques en découvertes).
L'année 2021 (les saisons du comique s'organisent depuis sa réouverture sur l'année civile de janvier à décembre) s'ouvre ainsi par une lumière nouvelle et ancienne, celle du titre de l'opus Titon et l'Aurore, celle portée sur le compositeur délaissé Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, pourtant important dans l'histoire de la musique pour avoir incarné l'esthétique française contre l'italienne dans la Querelle des Bouffons au XVIIIe siècle (la production sera donc également à retrouver à l'Opéra royal de Versailles). Un compositeur qu'affectionne William Christie, qui dirigera cette pastorale héroïque sur un conte allégorique (amour du berger Titon et de l’Aurore). Les rôles-titres Reinoud Van Mechelen et Gwendoline Blondeel seront entourés d'Amour incarnée par Julie Roset, Palès par Emmanuelle de Negri, Éole par Marc Mauillon et Prométhée par Renato Dolcini. Basil Twist en signe les marionnettes et la mise en scène.
Le retour de la vie, de la beauté et des rires s'annonce avec La Belle Hélène d'Offenbach (coproduction avec Lausanne et Liège) mise en scène par Michel Fau qui incarnera en personne le bon Roi Ménélas. Pierre Dumoussaud dirigera Marie-Nicole Lemieux, Pâris par Philippe Talbot, Oreste par Kangmin Justin Kim, Agamemnon par Franck Leguérinel, Calchas par Jean-Claude Saragosse, Achille par Pierre-Emmanuel Roubet, Ajax Premier par Thomas Morris, Ajax Deuxième par Yoann Dubruque, Loena par Sarah Jouffroy et Philocome par Didier Deconinck.
Offenbach encore pour Le Voyage dans la Lune célébrant le retour au rêve et aux grands trajets en espérant déjà que les artistes puissent à nouveau traverser les frontières. Les Frivolités Parisiennes joueront à nouveau cette œuvre, dans la mise en scène par Laurent Pelly juste après avoir accompagné la version Olivier Fredj du Centre Français de Promotion Lyrique (laissant regretter une fois encore que les maisons ne discutent pas entre elles sur leurs programmes pour rationaliser les résurrections, à la fois nombreuses et rares).
Cela étant, si la production du CFPL met à l'honneur des étoiles montantes du chant français (Marie Perbost, Jeanne Crousaud, Jérôme Boutillier, Raphaël Bremard, Erick Freulon, Pierre-Antoine Chaumien, Cécile Galois, Jennifer Michel, Enguerrand de Hys et sept danseurs-acrobates), celle de Favart met en avant sa Maîtrise Populaire avec Franck Leguérinel (dans le rôle de V’lan) et sous la baguette d'Alexandra Cravero.
L'Orfeo de Monteverdi mettra en scène la (tentative de) résurrection dans une version de Pauline Bayle dirigée par Jordi Savall avec son Chœur et orchestre Le Concert des Nations. L'Orfeo de Marc Mauillon ira chercher aux enfers l'Euridice de Luciana Mancini avec la Messagère de Sara Mingardo, et Marianne Beate Kielland dans le double rôle de l'Espérance et de Proserpine.
Fidelio prolongera le 250ème anniversaire Beethoven et le travail de Raphaël Pichon avec le Chœur et orchestre Pygmalion ainsi que la coopération de la maison avec le ténor Michael Spyres. La mise en scène de Cyril Teste l'entourera d'une distribution en vue : Siobhan Stagg, Mari Eriksmoen, Albert Dohmen, Gabor Bretz, Christian Immler et Eric Ferring.
Le retour de l'art est aussi celui de la création, avec Des Éclairs signé Philippe Hersant et Jean Echenoz, mise en scène Clément Hervieu-Léger. La cheffe d'orcherstre Ariane Matiakh dirigera Jean-Christophe Lanièce, André Heyboer, Elsa Benoit, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Jérôme Boutillier, François Rougier, le Chœur Aedès et l'Orchestre Philharmonique de Radio France.
Enfin, retour aux classiques et aux grandes amours avec Roméo et Juliette. Éric Ruf installera Gounod "dans le décor conçu pour Shakespeare à la Comédie-Française -défi dramaturgique et écologique", avec l'appui de Christian Lacroix pour les costumes.
Laurent Campellone dirigera Jean-François Borras et Julie Fuchs dans les rôles-titres, avec Patrick Bolleire (Frère Laurent), Adèle Charvet (Stephano), Philippe-Nicolas Martin (Mercutio), Jérôme Boutillier (Comte Capulet), Marie Lenormand (Gertrude) ainsi que le retour dans la maison de Yu Shao (Tybalt) ou encore Yoann Dubruque (Pâris), Geoffroy Buffière (Duc de Vérone), le Chœur accentus et l'Orchestre de l’Opéra de Rouen-Normandie.
Bien entendu, le retour en salle se veut aussi être celui des grands programmes et actions de l'Opéra Comique : Programmation Jeunesse, Chantez Maintenant, Cours Public de la Maîtrise, Concert de Noël, colloques, tournée, nouvelle troupe, le tout dans un esprit de "Responsabilité Sociale et Environnementale".