Opéranimaux Avignonnais
Cette Salle des Préludes est, pour ce spectacle original et pour une meilleure immersion, disposée un peu différemment des habitudes. La plupart des chaises ont été enlevées, ne laissant que celles collées au mur, pour les adultes qui souhaitent être bien installés. Les autres spectateurs se voient proposer des coussins pour s’asseoir par terre et des rehausseurs pour les petits.
La scène est colorée au maximum, avec des animaux en peluche, des bouées en forme de canard et de flamant rose, des masques d’animaux, une lampe dont l’abat-jour est un lapin et une machine à bulles… Même le piano semble être passé sous la baguette magique d’une fée, lui qui se voit décoré aussi, avec des guirlandes lumineuses et de petits jouets un peu partout. Le tout est entouré d’une bande lumineuse qui encercle la scène, que le public (les enfants, surtout) n’a pas le droit de dépasser pendant le spectacle.
Maman a dit qu’il est l’heure d’aller faire dodo, mais ces enfants ont encore beaucoup d’énergie à dépenser et ils ne manquent pas d’imagination pour enchaîner différents jeux (de rôle) et s'inventer ainsi des jeux d'imagination jusqu’à l’épuisement : un beau prétexte pour ne pas s’endormir et vivre des aventures rythmées par des airs d’opéras notamment !
Le répertoire est assez varié, mais reste très adapté aux enfants. Le duo de Papageno et Papagena, et le duo de la Mouche ne sont que quelques-uns morceaux à succès qui défilent sur scène pendant les 40 minutes que dure ce spectacle.
Le spectacle commence ainsi avec le pianiste Adelon Nisi, habillé en pyjama, qui entre en sautillant un peu et s’installe au piano. Il fait rire le public d'emblée, faisant semblant de s’asseoir pour jouer une belle pièce, mais multipliant les fausses notes et non-sens, tel un enfant qui s’amuse avec le piano de ses parents. Il sait toutefois accompagner les chanteurs avec une belle musicalité, exprimée dans la délicatesse et le dynamisme de ses mouvements et dans l’agilité de ses doigts. Mais il ne se limite pas à cela : il participe également au jeu avec ses collègues (incarnant grand frère et petite sœur), et il se met aussi à fredonner, danser, miauler et à jouer le chef de cuisine italien pour introduire La Belle et le Clochard.
Les chanteurs débordent d’énergie et de sourires, réussissant à garder l’attention des enfants pendant la plupart du spectacle avec des danses, des grimaces, des bruits d’animaux (particulièrement le mouton et le dindon). Mais ils font la preuve de leur belle qualité vocale également. La soprano Anne-Sophie Honoré présente une voix claire et ronde, accompagnée d’un joli vibrato constant et naturel, en plus d’une belle agilité. L’élégance de sa ligne de chant nuancée est envoûtante lorsqu’elle se laisse emporter par la douceur de ses morceaux, tel que le Chant à la lune (Dvořák) avec lequel elle finit le spectacle et annonce le début d’une belle nuit de sommeil de ces enfants joueurs (même si le spectacle est à 10h du matin).
Le baryton Alexandre Martin-Varroy déborde aussi d’énergie et sait l’utiliser à son avantage. Son jeu est très dynamique et drôle mais il présente également une voix ronde aux graves charnus, qui reste sonore dans toute la gamme et qui résonne malgré l’acoustique courte de la salle. Il chante également d’une voix plus claire et droite dans le but de donner plus de clarté et de naïveté à certains de ses passages. Les voix des chanteurs se mélangent très bien, ainsi que leur jeu sur scène, qui dénote une grande complicité.
Ainsi, avec des masques de la belle et du clochard, des animaux en peluche qui volent d’un côté de la scène à l’autre, des oiseaux en papier qui voltigent par-ci par-là, des jeux de marionnettes et des bruits de mouettes faits avec un sifflet, les artistes proposent un spectacle qui donne le goût de la musique aux plus petits, en leur inculquant l’importance des liens entre frères et sœurs. Même s’il est difficile de garder l’attention d'enfants en bas âge, les artistes s’en sortent victorieux et méritent largement les applaudissements enthousiastes du public.