Opéra de Dijon 2020-2021 : Voix, Sortilèges & Enchantements
Après les dernières saisons placées sous le thème de la "liberté" puis des "crimes et châtiments", le programme 2020/2021 honore en effet "la voix, ses sortilèges, ses enchantements". Tous les opus lyriques à l'affiche ont soit "enchanté" dans le titre, soit se passent dans un rêve (soit mettent à l'honneur une grande voix, comme c'est le cas avec une nouvelle et riche saison de récitals).
La saison s'ouvrira par deux résurrections, l'une moderne, l'autre baroque (les deux piliers de l'identité lyrique dijonnaise désormais). George le rêveur de Zemlinsky, conte contre l’industrialisation créé à Nuremberg de manière posthume en 1980, sera ici donné en création française. Cette co-production avec l'Opéra de Lorraine qui fournira ses chœurs et orchestre sera mise en scène par Laurent Delvert et dirigée par Marta Gardolinska avec Peter Wedd dans le rôle-titre, Helena Juntunen (Gertraud La Princesse), Andrew Greenan (Meunier), Piotr Lempa (Pasteur), Jochen Kupfer (Hans), Alex Sprague (Züngl), Wieland Satter (Kaspar), Kaëlig Boché (Aubergiste) et Aurélie Jarjaye (Marei).
Recréation baroque événement : Le Palais enchanté de Rossi n'avait plus été donné depuis 1639 à Rome et il s'agit du dernier opéra représenté avant l'interdiction du genre opératique par le Pape (alors même que le livret de cet opus est rédigé par Giulio Rospigliosi, qui deviendra... Pape Clément IX). Comme pour la résurrection de La Finta Pazza (Sacrati) l'année dernière, la musique sera jouée par la Cappella Mediterranea de Leonardo García Alarcón. Toutefois, cette œuvre inspirée d'Orlando furioso a des dimensions impressionnantes, exigeant un double chœur (Dijon et Namur), un orchestre très fourni et pas moins de 24 solistes ! Les principaux seront Victor Sicard en Orlando, Arianna Vendittelli en Angelica, Fabio Trümpy en Ruggiero, Mark Milhofer (Atlante), Lucía Martín-Cartón (Olympia), Mariana Florès (Marfisa), Valerio Contaldo (Astolfo), Julie Roset (Fiordiligi). Un spectacle mis en scène par Fabrice Murgia et qui passera également à Nancy, Caen, Versailles.
Outre Le Palais, La Flûte sera également enchantée : celle de Mozart en version concert par l'Orkiestra Historyczna sur instruments d'époque et sous la direction d'Andreas Staier (les mêmes qui portaient ici même le Requiem du même Mozart en octobre dernier). Marlène Assayag sera la Reine de la nuit, Sophie Karthäuser et Julian Prégardien Pamina & Tamino, Elena Galitskaya et Rafael Fingerlos Papagena & Papageno, Mark Omvlee Monostatos.
La Tosca de Puccini mise en scène par David Bobée qui se rend le mois prochain à Rouen puis en juin à Caen ira l’année prochaine à Dijon avec les Orchestre et Chœurs bourguignons dirigés par Roberto Rizzi Brignoli. L'héroïne sera incarnée par Sunyoung Seo avec son Mario Cavaradossi Mykhailo Malafii, contre le Scarpia de Dario Solari. Michael Mofidian, Laurent Kubla, Camille Tresmontant et Antoine Foulon (Cesare Angelotti, Sacristain, Spoletta et Sciarrone) complètent la distribution.
Classique moderne prolongé par une création nouvelle : Thierry Escaich composera un Point d'orgue (double jeu sur les mots car il est spécialiste de cet instrument et car le Point d'orgue définit un prolongement final en musique) à La Voix humaine de Poulenc. L'occasion de savoir qui est au bout du fil : avec Patricia Petibon, ce seront Jean-Sébastien Bou et Cyrille Dubois. La mise en scène du diptyque et le livret répondant à celui de Jean Cocteau sont signés Olivier Py. Jérémie Rhorer sera à la baguette de l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg (un spectacle également prévu au Théâtre des Champs-Élysées ainsi qu'au New York City Opera).
Pour son dernier opus lyrique programmé, la direction part à la recherche de l’élixir d'immortalité avec L'Affaire Makropoulos, l'occasion de boucler son cycle Janáček avec une nouvelle production de Philipp Himmelmann et, sous la direction de Stefan Veselka, les Czech Virtuosi : solistes du Philharmonique et de l'Opéra de Brno (où fut créée L'Affaire Makropoulos), une phalange qui perpétue les couleurs orchestrales et les jeux instrumentaux moraves. Emilia Marty sera incarnée par Sabine Hogrefe, Albert Gregor par Torsten Kerl, Michael Gniffke actuellement à l’affiche des Châtiments viendra en Vitek, et respectivement en machiniste, femme de chambre et de ménage : Timothée Varon, Lila Hajosi et Johanna Brault.
Enfin, la toujours très riche saison de concerts orchestraux, de chambre et solistes sera notamment marquée par une série de récitals vocaux avec Natalie Dessay (Paroles de femmes), Jakub Józef Orliński (L'Art du contre-ténor), Véronique Gens (mélodies françaises), Thomas Bauer (Voyage d'hiver), ainsi que Karine Deshayes (Concert du Nouvel An).