Saison Barrie Kosky en 2019/2020 à l’Opéra Comique de Berlin
Dionysies
L’art de l’opéra a été considéré comme dionysiaque (notamment par le philosophe Nietzsche), pour sa capacité à soulever l'enthousiasme populaire, dépassant les religions et les frontières. Le symbolisme des Dionysies (fêtes antiques, pendant lesquelles les différences sont suspendues ou supprimées) retrouvera son analogie avec l’opéra et se posera comme le leitmotiv de la nouvelle saison présentée par le directeur des lieux (depuis 2012) : le metteur en scène australien Barrie Kosky.
La première nouvelle production (qui figure en ouverture) est consacrée aux Bassarides (The Bassarids) du compositeur allemand Hans Werner Henze, composées sur un livret de W. H. Auden et Chester Kallman d’après Les Bacchantes d'Euripide, la tragédie grecque qui met au cœur de l’intrigue justement le dieu Dionysos. Bien que cette œuvre fut initialement créée en allemand pour le Festival de Salzbourg en 1966, l’Opéra Comique de Berlin met à l’affiche la version anglaise signée deux ans plus tard par le compositeur lui-même (1968). Cette production est portée par les forces créatives de Barrie Kosky (mise en scène) et de Vladimir Jurowski (direction musicale), avec les solistes du Théâtre.
Jaromír Weinberger Festival
La maison berlinoise s’investit à préserver de l’oubli le nom et l’œuvre d’un autre compositeur de la République de Weimar (outre Werner Henze), l’auteur tchèque Jaromír Weinberger avec un festival dédié. Il sera honoré par ses deux œuvres lyriques, Orages de printemps (qui figure également dans le prochain album de Jonas Kaufmann) réalisé de nouveau par Barrie Kosky et le chef Jordan de Souza, ainsi que l’opéra populaire en deux actes Schwanda, le joueur de cornemuse dans la mise en scène d’Andreas Homoki et dirigé par le chef letton et Directeur musical de la maison, Ainārs Rubiķis. La redécouverte de ce dernier opus est d’autant plus signifiante que son ultime représentation avait eu lieu en 1933, période durant laquelle cet opéra connut une immense gloire, outre-Atlantique notamment.
Contemporain et baroque
Deux créations mondiales s’annoncent également. Tout d’abord, l’opéra pour enfants Jim Bouton et Lucas le Conducteur de locomotive (Jim Knopf und Lukas der Lokomotivführer) par Elena Kats-Chernin, adaptation opératique du livre homonyme de l’auteur allemand Michael Ende, après le succès du film sorti en 2018. L’autre création est un spectacle conçu par Barrie Kosky Si seulement j’étais un poulet ! (Ich wollt’, ich wär’ ein Huhn!) avec des chansons allemandes de variété (Schlager), jazz et de comédies musicales datant de l'entre-deux guerres mondiales. La mezzo-soprano suédoise Anne Sofie von Otter chantera aux côtés de l’acteur Wolfram Koch, sous la direction musicale d’Adam Benzwi.
La nouvelle production d’opéra baroque (plus précisément d'un oratorio) sera Jephtha de Georg Friedrich Haendel. La production ne sera pas la reprise de la version Claus Guth mais signée Richard Jones, avec un plateau vocal mené par le spécialiste du répertoire, Christian Curnyn. Barrie Kosky reprendra également sa Semele de Haendel dirigée par Konrad Junghänel.
Opéra et opérette
Parmi le répertoire bel canto, une nouvelle Traviata par Nicola Raab s'annonce pour le mois de décembre, avec Ainārs Rubiķis en fosse. D’autre part, le cinéaste et metteur en scène russe Kirill Serebrennikov signera la nouvelle production du Rake’s Progress (La Carrière d’un libertin) de Stravinski avec le concours de Jordan de Souza à la baguette.
Pour ce qui est de l’opérette, l’Opéra Comique berlinois programme Dschainah, la fille de salon de danse de Paul Abraham en version concert : une résurrection, la première en Allemagne 84 ans après sa création mondiale. Le chef Hendrik Vestmann mène les solistes vocaux de la maison, habillés par Katrin Kath qui prépare les costumes.
Barrie Kosky, Directeur et tête d’affiche
Parmi 14 reprises programmées en 2019/2020, 11 spectacles sont signés par le Directeur artistique de la maison, Barrie Kosky, dont deux opus lyriques de Leonard Bernstein (l’opérette Candide sous la direction musicale de Jordan de Souza et la comédie musicale West Side Story réalisée avec le chorégraphe Otto Pichler ainsi que le chef Koen Schoots). La même équipe artistique montera le spectacle Un violon sur le toit, comédie musicale de Jerry Bock et Sheldon Harnick.
En ce qui concerne le répertoire comique, le public berlinois aura l’occasion de voir deux œuvres d’Oscar Straus : l’opérette Les Perles de Cléopatre (Die Perlen der Cleopatra) et la comédie musicale Madame Je veux (Eine Frau, die weiß, was sie will!), que Barrie Kosky monte avec le chef d’orchestre Adam Benzwi. Par ailleurs, la production de La Flûte enchantée réalisée par Kosky et le groupe artistique « 1927 » (Suzanne Andrade et Paul Barritt), qui connut un succès l’international, revient à l’Opéra comique de Berlin.
Rubiķis et Kosky se réunissent également pour la reprise du Rigoletto de Verdi et Eugène Onéguine de Tchaïkovski, alors que Jordan de Souza dirigera La Bohème de Puccini (avec Ruzan Mantashyan en Mimi) et Pelléas et Mélisande de Debussy, ainsi que Don Giovanni mis en scène par Herbert Fritsch.
Enfin, un conte opératique Le Magicien d'Oz de Pierangelo Valtinoni créé en 2016 (après Pinocchio et La Blanche-neige) dans la mise en scène de Felix Seiler, sera dirigé par Anthony Bramall. Paul Abraham sera de nouveau à l’affiche avec Roxy et son équipe de rêve, une « opérette footballistique » en trois actes, mise en scène signée Stefan Huber, chorégraphie de Danny Costello et direction de Kai Tietje.