Deutsche Oper MeyerBe(e)rlin en 2019/2020
Les nouveautés
L'une des trois institutions lyriques de la capitale germanique, l'Opéra allemand de Berlin (situé dans la partie ouest de la ville) propose une saison avec six nouvelles productions dans la grande salle, mais également deux spectacles conçus pour la scène du Studio Tischlerei, dédiée principalement à la création contemporaine et à la découverte de nouvelles formes d'expression artistique.
La première parmi les (grandes) premières aura lieu le 8 septembre avec La Force du destin par le duo Frank Castorf - Aleksandar Denić (mise en scène/décors), les réalisateurs du dernier Anneau du Nibelung à Bayreuth. Côté chanteurs, Russell Thomas et Marcelo Álvarez partageront le rôle de Don Alvaro, María José Siri et Liudmyla Monastyrska le personnage de Donna Leonora, alors que les barytons Markus Brück et Étienne Dupuis seront Don Carlo di Vargas. Pour janvier et mars 2020 sont prévues les entrées au répertoire maison pour deux œuvres du XXe siècle : Le Songe d'une nuit d'été de Britten (mis en scène par Ted Huffman et dirigé par Donald Runnicles) et L'Antéchrist du compositeur danois Rued Langgaard (Ersan Mondtag et Stephan Zilias), un "opéra d'église" qui n'a été créé qu'en 1999 (76 ans après avoir été composé).
La nouvelle Dame de Pique de Tchaïkovski signée Graham Vick sera donnée au mois de mai 2020 avec Sondra Radvanovsky en Lisa, juste trois mois après ses débuts dans ce rôle à Chicago. Stefan Herheim, dont la production des Maîtres chanteurs avait tournée à Paris, mettra en scène une autre oeuvre wagnérienne, cette fois le prologue de la tétralogie, L'Or du Rhin sous la direction musicale du chef de la maison, Donald Runnicles. La création sur la grande scène de l'Opéra allemand sera Heart Chamber (Chambre cardiaque) de Chaya Czernowin, mis en scène par Claus Guth et avec Patrizia Ciofi.
Les autres créations verront le jour au Studio Tischlerei. Tout d'abord, le jeune compositeur Malte Giesen présentera Wolf's Glen – Wolfsschlucht (Le Ravin du Loup), un pastiche sur le Freischütz de Weber. Un autre jeune artiste, Samuel Penderbayne livrera sa commande d'une autre Reine de Neige (après celle de Hans Abrahamsen programmée à Munich), un spectacle destiné au jeune public.
Parmi les versions concertantes, un grand événement s'annonce en tout début de saison : Adriana Lecouvreur avec Netrebko dans le rôle-titre, aux côtés de Yusif Eyvazov (en Maurizio) et notamment de Clémentine Margaine comme Princesse de Bouillon. Thaïs de Massenet entrera au répertoire (en avril 2020) avec Nicole Car et Étienne Dupuis (Athanaël).
Hommage à Meyerbeer
Le compositeur allemand et berlinois, avec un prénom italien, qui fit sa carrière à Paris et fonda le genre du Grand Opéra français, Giacomo Meyerbeer sera mis en avant en 2020 avec deux reprises et une première. Les Huguenots par David Alden (de 2016) seront repris début février avec Erin Morley en Marguerite (ses débuts dans la maison), Olesya Golovneva pour Valentine (qu'elle avait chanté en 2016) et Andrew Harris/Ante Jerkunica en Marcel. Pour la fin du mois (de février), la direction réserve trois dates pour Le Prophète de Meyerbeer signé Olivier Py, avec leur chef invité principal dans la fosse, Enrique Mazzola et trois vedettes sur le plateau : Gregory Kunde (Jean de Leyde), Clémentine Margaine (Fidès) et Elena Tsallagova en Berthe.
Mazzola dirigera aussi en version concert une première de Meyerbeer (en mars). Il s'agit du rare opéra-comique Dinorah ou Le Pardon de Ploërmel, avec une distribution française : Sabine Devieilhe chantera Dinorah, Florian Sempey tiendra la partie de Hoël, alors que Philippe Talbot sera Corentin.
Wagner à foison, ni Strauss ni Beethoven
Comme chaque année, l'Opéra berlinois prend grand soin du répertoire wagnérien, cette fois avec cinq productions (une nouvelle et quatre reprises), en témoignent. Tristan et Isolde est à l'affiche avec Stephen Gould et Nina Stemme (Iréne Theorin prendra son relais), Le Vaisseau fantôme est programmé avec Michael Volle. Klaus Florian Vogt endossera deux rôles-titre : Tannhäuser puis Parsifal, en partageant la scène avec Günther Groissböck (Gurnemanz) et Simon Keenlyside (Amfortas).
Reprises des classiques
Le théâtre ne manquera pas de reprendre les grands classiques du répertoire italien, en invitant de grandes étoiles. Roberto Alagna, Aleksandra Kurzak et Eva-Maria Westbroek réuniront leurs forces pour le diptyque Cavalleria Rusticana/Pagliacci, alors que Nina Stemme avec le concours d'Ambrogio Maestri/Ludovic Tézier interprétera Tosca. D'autres vedettes incarneront les rôles phares de l'art lyrique : Sondra Radvanovsky sera Aida, Anja Harteros se présentera comme Maddalena de Coigny (dans Andrea Chénier) et Ermonela Jaho/Hui He partageront le rôle de Cio-Cio San (Madame Butterfly). Les productions mémorables de Götz Friedrich reviendront aussi : La Bohème, La Traviata, Un Ballo in maschera avec Piotr Beczała s'engageant dans les rôles principaux de ces deux derniers.
La maison accueille également des chefs prestigieux comme l'ancien Directeur musical de l'Opéra de Paris, James Conlon pour Otello (avec Jorge de Léon et George Petean). Hormis les nouvelles productions, le chef principal Donald Runnicles sera également au pupitre pour plusieurs retours dont Hänsel et Gretel, Manon Lescaut et Jenufa de Christof Loy (retrouvez notre compte-rendu de sa Force du destin actuellement à l'affiche de Londres avec Jonas Kaufmann, Anna Netrebko et Ludovic Tézier). L'opéra qui célèbre le bicentenaire de la naissance de Jacques Offenbach, Les Contes d'Hoffmann par Laurent Pelly sera de retour la saison prochaine, avec La Mort à Venise de Britten (à noter le choix rarissime de monter deux opéras du compositeur britannique dans une seule saison).
Carmen de Ole Anders Tandberg revient avec Irene Roberts, Saimir Pirgu et Elena Tsallagova (qui chantera aussi Liù dans Turandot et Pamina dans La Flûte enchantée), ainsi que d'autres chefs-d’œuvre lyriques interprétés par la troupe (Don Giovanni, L'Enlèvement au Sérail et Le Barbier de Séville).